Que font donc les gamins pour se dépayser sans brider leur imagination devant des écrans dont l'excès menace de les abrutir ? Les cartes qui ont fait rêver leurs parents n'ont pas dit leur dernier mot. Quatre mousquetaires de l'édition ont réalisé pour eux « Mon Tour du monde écolo » (1). Dominique Cronier, Maguelone du Fou, Marine Tellier et Anatole Donarier ont coupé le monde en cinq et plié le savoir du voyage à des thématiques classiques : flore, faune, cuisine, folklore, artisanat, déplacements, ce qu'on appelle l'art de vivre, portraits d'écologistes, idées de balades. De grandes vignettes en aquarelles très soignées tiennent lieu d'images qui raccourcissent d'autant les définitions.
Imaginons nos mouflets à quatre pattes sur un tapis, au-dessus de l’atlas grand ouvert, pointant du doigt sur la carte de chaque continent ce qu’ils viennent de découvrir. Une chasse au trésor pour leur fixer par la géographie des histoires qui les marqueront à jamais.
Dans les « coins nature », le choix des animaux n’est pas anodin : en Asie, les léopards de l’Amour, le chameau sauvage de Tartarie, le rhinopithèque, trois espèces en voie de disparition vont inquiéter les jeunots, tandis que les scandaleuses fermes d’élevage de tigres en Asie du Sud-Est, la mise en esclavage des macaques à queue de cochon devant ramasser les noix de coco ou le transport des touristes sur les éléphants en Thaïlande sont désignées comme des combats à mener pour le bien être animal.
Dans chaque partie du monde, des arbres « remarquables » donnent à rêver : en Asie le bamian dont le tronc résiste à la foudre, en Europe le chêne tricentenaire de Tombeboeuf (Lot-et-Garonne), en Afrique le baobab stockant l’eau, dans les Amériques le séquoia bimillénaire de Californie aux dimensions records et l’açaï d’Amazonie dont la baie est devenue un super-aliment, sans oublier le plancton, le corail (« je suis un animal ressemblant à un végétal »), le quokka (un marsupial) et le kiwi (« je suis un oiseau mais je ne vole pas »). Ces descriptions qui font mouche vont embarquer les enfants vers des rêves tenaces.
Le fameux chêne de Tombeboeuf, 36 mètres d’envergure, 350 ans d’âge.
Même les adultes qui n’ont pas voyagé sont intrigués par le saut du Nagol au Vanuatu, la peinture de sable chez les Navajos aux rites chamaniques, le caber toss en Ecosse (lancer de troncs). Ils aimeront les portraits de Davi Kopenawa, Vandana Shiva, Jean-Louis Etienne et son « Polar Pod » en Antarctique. Les botanistes seront rassurés : les fleurs qui intriguent sont là, comme la lobélie cardinale du Québec (dont le colibri aspire le nectar sans se poser sur elle), la protée royale d’Afrique du Sud, la mandragore et la passiflore dont on ne connait pas tous les sortilèges.
Ethnologues en herbe, les peuples premiers de la Terre vous attendent : les Moken, les Peuls Mbororos, les Huni Kuin, les Maoris et d’autres feront tourner vos imaginations en attendant de les étudier.
Pour nous qui avons rêvé sur les cartes de Vidal de La Blache, on se dit que tout compte fait, les mômes de 2020 ont bien de la chance.
----------------
(1) Ed. Akinomé
Pour nous suivre sur Facebook: https://www.facebook.com/geographiesenmouvement/