Professeur de géographie à l’université Rennes-II, chercheur au laboratoire Costel, Hervé Regnauld est un spécialiste internationalement réputé de géomorphologie des côtes. Il a beaucoup voyagé aux Falkland, en Terre de feu, à Taiwan ou aux Galápagos. Il étudie le littoral, avec le prisme à la fois d’un géomorphologue, mais aussi presque d’un anthropologue, en collaborant souvent avec des archéologues. Même si le réchauffement climatique s’accélère, et le niveau de la mer monte probablement plus vite que prévu, le temps de la géomorphologie est un temps long. Nos littoraux sont comme notre organe de contact avec la mer, aussi vivants qu’une peau. Ils reculent, s’affaissent, s’élèvent, se fragilisent…
Comment réagissent les littoraux à la montée du niveau de la mer ?
L'une des principales études qui nous permettent de prévoir les effets de la montée du niveau de la mer date du début du XXe siècle : un Américain surveillait le niveau des Grands Lacs américains afin de gérer au mieux les écluses. Il a établi une loi qui relie le niveau de la montée des eaux des lacs et du recul du littoral lacustre dans les terres. Elle donne aussi des indications sur la pente et la largeur de la plage. Cette loi de Bruun reste aujourd'hui souvent exacte. Avec des collègues archéologues, nous l'avons par exemple testée sur un certain nombre de sites, en Bretagne, et effectivement, à chaque fois que la mer montait d'1 millimètre, le littoral reculait de 15 à 30 millimètres. Donc à chaque mesure de montée des eaux, le recul de la côte est de 15 à 30 fo