Spécialiste des migrations, auteur du concept de «l'encampement du monde», l'anthropologue Michel Agier revient sur l'évacuation du campement de réfugiés, lundi soir, place de la République à Paris. Selon lui, il est le symptôme d'une «mise en scène» politique plus large : susciter la peur et légitimer des réponses d'exception, dans une société déjà angoissée par les menaces pandémiques ou terroristes.
Que vous inspirent les images de policiers évacuant violemment un camp de migrants, lundi soir, place de la République ?
Ce n’est que le énième «décampement» de migrants, avec une même violence qui se répète à chaque fois. Mais c’est d’autant plus choquant qu’il s’agit, en pleine pandémie, de loger moins d’un millier de personnes qui sont à la rue en ce moment à Paris. La responsabilité du préfet est énorme. Démographiquement, c’est un détail, cela n’a plus rien à voir avec 2015, les chiffres sont très inférieurs. Il suffirait juste d’un peu de volonté politique pour les reloger rapidement au lieu de braquer les projecteurs sur eux. Mais cette mise en scène participe toujours de la volonté de susciter la peur de l’étranger, parmi les nombreuses peurs qui nous assaillent a