Dans ce billet, Amadi Nnanna Eke-Nkemka, archéologue de formation et directeur des archives nationales du nord du Nigeria (Kaduna) plaide pour un retour des œuvres d'art volées en Afrique depuis le début de la période coloniale. Ce professionnel de la culture nous invite à comprendre le point de vue d'un archiviste nigérian sur une question qui a depuis les années 1960 suscité de nombreux questionnements côté africain. Pour Eke-Nkemka, l'heritage au double sens anglais du terme d'« héritage » mais aussi de « patrimoine/matrimoine » donne une raison d'être aux sociétés. Son texte nous invite ainsi à interroger la place des professionnels africains du patrimoine dans ce débat et le sens donné par les sociétés comme celles du Nigeria à la question de la restitution des œuvres d'art (see English version below).
Chuchotements sans fin
Hors des terres lointaines.
Des accords anciens mais forts
Un bel héritage déclarant mélodieusement.
Visage ; l’ancien et le sacré mêlés
Les entrailles profondes de la forêt vierge une demeure appropriée,
Le chemin de ton cœur brille.
Ancienne fontaine d’où jaillissent des sources
De teintes et de nuances fascinantes
Naturellement l’étreinte rapide qui a voyagé
Dans un mariage d’ombre et de vision
Votre soleil et des millions de joies vous invitent
Sur vos rivages, le temps le dira.
(Le voyage, Eke-Nkemka, A.N).
Eke-Nkemka, Amadi .N., « Streams Within: Œuvres de poésie non publiées »
TOM TOM
Tenir la cour au milieu des mortels
Tonnant depuis des hauts lieux,
Des langues étranges en résonnance se rencontrent
Une seule souche jamais trompée
Une voix de force
De la multitude vers l’intérieur.
(Le voyage, Eke-Nkemka, A.N).
Eke-Nkemka, Amadi .N., « Streams Within: Œuvres de poésie non publiées »
Les poésies ci-dessus parlent au nom de l'Afrique à travers ses œuvres
d'art. Au fil du temps, le continent africain a été témoin d'un pillage ahurissant
et choquant et d'un trafic illégal de ses biens culturels. L'innocence et la
fierté du continent ont été brutalement frappées sur les autels de l'avidité et de l'avarice de soldats
européens de fortune et de leurs complices africains sans scrupules. Depuis
plusieurs décennies, ce pillage des œuvres d'art africaines a donné lieu à des
débats mondiaux sur le retour des œuvres d'art africaines. Ce retour se
fera-t-il ou pas ?
Une longue
histoire de pillage
L’origine de ce
scénario troublant au Nigeria peut être attribuée au contact avec des
étrangers. Il convient de noter en particulier l’invasion du palais de Benin en
1897 par les forces coloniales britanniques et le pillage massif de ses objets historiques.
Les administrations coloniales successives, les missionnaires et les
aventuriers ont tour à tour aggravé cette injustice. Cette tendance n’a pas
décliné mais au contraire s’est intensifiée de façon alarmante au cours des
dernières décennies, s’étendant même au pillage des musées, sanctuaires, palais
royaux et au pillage des sites archéologiques avec ses conséquences pour la
reconstruction de notre histoire.
C’est en partie à
cause de ce développement malsain, et pour sauver ce qui pourrait être de notre
patrimoine, que l’administration coloniale du Nigéria a mis en place en premier
le Département des études sur les antiquités, qui deviendra plus tard la NCMM (Commission
nationale des musées et des monuments) en 1979. Au cours des plusieurs
décennies de sa création, la NCMM s’est attachée à fournir des services liés
aux musées et à la gestion des monuments nationaux. Elle a également tenté
d’élaborer des stratégies pour lutter contre l’augmentation des cas de vol et
de trafic illégal d’objets culturels. En plus d’améliorer son système de sécurité,
elle a sensibilisé le personnel [nigérian] afin de réduire le vol d’objets.
Malgré tous ces
efforts, le musée a encore enregistré au cours des dernières décennies, des cas
de vols d’objets culturels dans ses bureaux à travers le pays. A noter l’affaire
de vol du 14 janvier 1987 à la galerie d’exposition permanente du National
Museum de Jos qui a enregistré la perte des objets suivants :
Un pendentif tête
de léopard en bronze d’Igbo-Ukwu dans l’état d’Anambra, Nigéria avec le numéro
de catalogue 60J.59
Igbo-Ukwu est un
village près d’Awka dans l’état actuel d’Anambra, au Nigeria, mondialement
connu pour son art en bronze. Les fouilles archéologiques effectuées sur le
site par Thurstan Shaw en 1959 ont permis de découvrir des centaines de
récipients rituels en bronze mais aussi des pots en corde, des pendentifs et
des supports d’autel. Ceux-ci ont contribué à la reconstruction de la culture
igbo, de l’institution royale, des pratiques religieuses, des coutumes sociales
etc. Aujourd’hui, des objets en bronze Igbo-Ukwu peuvent être trouvés dans les
musées nigérians de Lagos, Jos et Kaduna, le musée de l’Université d’Ibadan et
le British Museum à Londres.
Corne d'ivoire sculptée de la région du delta d'Igbo, Nigéria 52J.23.10
Les Igbo du Delta sont les communautés Igbo de l'état du Delta, au Nigeria. Ils sont également
connus sous le nom d'Igbo occidentaux. De nombreuses œuvres d'art igbo ont été
volées pendant la domination coloniale.
Une tête humaine en terre cuite d'Ita-Yemoo, art d'Ile-Ife, XIIe-XVe siecles
Ile-Ife est la ville sacrée yoruba. L'art d'Ife est une combinaison de
sculptures en terre cuite, en bronze et en pierre rendues dans un style
naturaliste. Les fouilles à Ife en 1910 ont produit une collection relativement vaste de
sculptures en terre cuite et en pierre. Les œuvres d'art d'Ife sont de très haute
qualité et comparables à l'art de la Grèce antique, sinon supérieures.
L'année 1993 a
également été remarquable par le raid de 6 musées dont le musée national d'Ife
dans lequel plusieurs biens culturels ont été volés. L'ampleur de ce raid peut
être imaginée compte tenu du fait qu'environ 95 biens culturels d'une valeur de
revente d'environ 200 millions de dollars ont été perdus. Des membres du personnel
de sécurité ont également perdu la vie pendant ce raid. Le décompte
ci-dessus exclut les objets pillés au fil des ans sur les sites archéologiques
et historiques, les biens individuels et familiaux, le tout d'une valeur de plusieurs
milliards de dollars.
Il n’est donc pas
surprenant que le Nigéria, qui fait partie des nations qui ont été en première
ligne de cette injustice contre l’humanité, soit l’un des pays à ajouter sa
voix à la demande de retour du patrimoine africain volé quand en décembre 2017,
la NCMM a exigé le retour des « bronzes du Bénin » pillés lors du
raid britannique de 1897. Un mois plus tôt en novembre 2017, le président
français, Emmanuel Macron avait créé un précédent en Europe en appelant au
retour temporaire ou permanent des œuvres d’art africaines en Afrique.
Une longue
histoire des demandes internationales de rapatriement
Auparavant, des
efforts ont été déployés aux niveaux international et régional respectivement
pour remédier au problème du trafic volé et illégal d’objets culturels. Une
grande partie des mesures prises s’est principalement concentrée sur la
législation internationale et les accords multilatéraux. Les Nations Unies, par
l’intermédiaire de l’UNESCO, ont promulgué certaines législations
internationales pour contrôler le commerce illégal d’objets culturels : la
Convention de l’UNESCO de 1970 en est un exemple majeur.
L’instrument
visait à interdire et à protéger les biens culturels contre l’exportation,
l’importation ou le transfert de propriété illégaux. La Convention UNIDROIT de
1995 a également été une autre mesure audacieuse prise pour lutter contre le
retour des biens culturels volés et illégalement exportés. Au niveau régional,
la directive de 1993 du Conseil de la Communauté Economique Européenne sur le
retour des objets culturels enlevés du territoire d’un État membre et le
programme du Commonwealth de 1994 pour la protection du patrimoine culturel
matériel méritent d’être mentionnés, parmi plusieurs autres accords régionaux.
La question est
alors de savoir comment ces diverses mesures prises pour remédier au problème
du retour du trafic de biens culturels volés et illégaux ont été efficaces. Il
est triste de constater qu’elles ne l’ont pas été parce que les pays
destinataires d’objets culturels volés ou transférés illégalement comme les
États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, etc. ont jusqu’à présent refusé de
ratifier ces conventions. Au contraire, ces intérêts internationaux très peu
nombreux mais puissants ont opposé leur veto aux aspirations des pays africains
touchés. L’implication pour les États-nations d’Afrique, Nigéria inclus, est
qu’ils devront regarder au-delà des législations internationales pour régler le
problème des biens culturels volés et transférés illégalement, que ce soit
maintenant ou dans un avenir prévisible.
Des alternatives viables ?
Les pays africains peuvent trouver des alternatives viables dans un accord
bilatéral et un protocole d’accord entre les États parties sur une base
mutuelle, où les objets culturels volés à une partie consentante sont interdits
d’entrée illégalement et / ou restitués dans leur pays selon le cas. Par
exemple, la NCMM a placé le patrimoine culturel vulnérable et menacé sur la
liste rouge de l’International Council of Museums (ICOM) en octobre 1997. Cela
donne des résultats positifs car certains pays comme la France ont déjà
commencé à interdire l’entrée de tous ces objets sous embargo en France, ainsi
qu’à les saisir pour le retour dans leurs pays respectifs.
Une autre solution efficace devrait être que les pays respectifs mettent en
place une législation interne et un mécanisme de contrôle qui garantissent que
les objets culturels ne traversent pas les frontières de leur pays tout en assurant
la protection des sites archéologiques et historiques. Ainsi selon les lois en
vigueur au Nigéria, la NCMM contrôle et réglemente la propriété du commerce des
antiquités.
Pourquoi demander
de restituer ces biens culturels ?
Chaque individu
africain fait partie intégrante d'un environnement ou d'un groupe social. La
vision individuelle de la vie et des problèmes qui lui sont connectés est
encadrée par des souvenirs, personnels et généraux, accessibles dans le
contexte de la vie en groupe. Ces souvenirs communément partagés au fil du
temps viennent à être archivés dans des médiums à statut sacré, dont les objets
d'art occupent une place très importante. La spiritualité imprègne tout ce que
font les Africains, et ces œuvres d'art sont plus spirituelles qu'esthétiques. Elles
sont conçues avec tout le sens du sacré pour devenir un réceptacle de la vie et
des valeurs des Africains, et destinés à raconter leur histoire pour les
générations à venir.
Par conséquent,
il y a un échange de vie entre le créateur et l'objet, de sorte que le créateur
vide son essence dans l'objet pour devenir une entité inséparable qui ne peut
être comprise que dans son ensemble. Ainsi, l'objet donne voix à l'essence même,
tangible et intangible, du groupe qui les distingue de tout autre. Le célèbre
artiste Picasso qui a rencontré l'art africain classique en témoigne
éloquemment. Il a dit : « la clarté de l'œuvre vient du fait qu'elle
n'essaie pas de représenter ou de montrer l'esthétique. Elle essaie d'incarner
quelque chose de plus profond : des objets avec une âme ». En d'autres
termes, ce n'est pas de l'art pour l'art, c'est l'art pour la vie. La valeur
attribuée à ces œuvres d'art est plus spirituelle qu'esthétique et de nature
communautaire. Ces oeuvres portent l'âme du groupe, leur identité de base.
Pour conclure, il
va sans dire que priver une personne de son identité, c’est lui enlever sa
fierté et sa raison de vivre et la confiner à une existence dénuée de sens.
Lorsque nous réfléchissons à la question des biens culturels volés, nous devons
comprendre que ce ne sont pas seulement des objets qui ont été pris, mais des
générations déracinées, emprisonnées de force et dépouillées d’un sentiment
d’appartenance et de direction. Ces pertes sont incommensurables. Notre héritage
est notre âme, notre mémoire, notre boussole, notre identité. Il relie notre
passé à notre présent. Si un homme se voit nier son passé, son présent et son
avenir seront remis en cause. Rendez-nous notre âme ! Toute opinion contraire
ne fait que révéler ce qui est encore dans le non-dit : ce n’est pas
encore uhuru pour l’Afrique.
References:
#Anyaegbuna C.F (1998/1999) Constraints on the Return and Restitution of Cultural Property Museuologist Vol. 2, journal of IAMS, Jos.
#Chieze Vetere (1993) Regional Workshop on Means of Prohibiting and Preventing the Illicit Import, Export and transfer of Ownership of cultural Property.
#Cole, H.M., Aniakor (1984) Igbo Art, Community and Cosmos. University of California, USA 93.3
#Kingi Linus (1996) Cultural Genocide and Nigerian Museum. NCMM Newsletter. 1, 11 and 12.
#Mary Dandurura (1998/1999) Effect of Illegal Traffic of Cultural Property on Museum and their
operations. Museuologist Vol. 2 Journal of IAMS.
#Object Catalogue Card (1952/1960) National Museum, Jos. NCMM, Nigeria.
#Thomas, R (1995) Protecting Cultural Objects through International Documentation
Standards. The gallery of Art Information History programme. USA.
#Valence, S (1986). Stolen Objects. ICOM News Bulletin. Paris France.
# Ekpo, Eyo Two Thousand Years of Nigerian Art.
#Eke-Nkemka, Amadi.N. The Journey (Unpublished works of Poetry).
---
A PLEA FOR
THE RETURN OF AFRICAN HERITAGE
Whisperings
endless
Out of
lands distant.
Ancient
chords yet strong
A goodly
heritage melodiously declaring.
Visage;
ancient and sacred only knit
Deep bowels
of virgin forest abode fit,
The path
into your heartbeat shine.
Ancient
fountain spewing forth springs
Of
fascinating hues and shades-
Naturally
the quick and journeyed embrace
In a
wedlock of sight and shadow
Your
sunshine and million joys beckon
Upon your
shores time shall tell.
(THE
JOURNEY ……………… Eke-Nkemka, A.N).
Eke-Nkemka, Amadi .N., «Streams Within: Unpublished works
of poetry»
Holding
court amidst mortals
From the
high places thundering;
Even
deafness attends
Strange
tongues echoing as meet
A single
strain never mistaken
One voice
of strength
Of the
multitude within.
(The
JOURNEY …………. Eke-Nkemka, A.N)
Eke-Nkemka, Amadi .N., «Streams Within: Unpublished
works of poetry»
The above
pieces of poetry are Africa speaking through its works of Art. Over time the
African continent has witnessed a staggering and shocking looting and illegal
trafficking of its cultural objects. The innocence and pride of the continent
has been given a rude battering on the altars of greed and avarice by rampaging
European soldiers of fortune and their unscrupulous African accomplices. This
looting of African works of art has given rise to decades long global debates on
the return of African works of art – to be or not?
A long
history of looting
With
particular reference to Nigeria, the origin of this unsettling scenario maybe
traced to the peoples contact with outsiders. Of particular note, is the 1897
invasion of the Benin palace by British colonial forces and the massive looting
of its historical relics. Consequent upon this, successive colonial
administrations, missionaries and adventurers has furthered this injustice.
This trend rather than decline has alarmingly increased in recent decades,
extending even to the looting of Museums, Shrines, Royal Palaces and the
pillaging of Archaeological sites with its attendant consequences for the
reconstruction of our history.
It was
partly due to this unwholesome development, and to salvage what it could of our
heritage that, the colonial administration in Nigeria set up first; the
Antiquities Survey Department which was later to transform into the “National
Commission for Museum and Monuments”-NCMM in 1979. In the several decades of
its establishment, the NCMM has given attention to providing museum related
services and the management of National Monuments. It has also tried to develop
strategies to combat the rising cases of theft and illegal trafficking of
cultural objects. Alongside improving its security system, it has raised staff
consciousness as a way to reduce object theft.
Despite all
of these efforts the museum has still recorded in recent decades, theft cases
of cultural objects in its offices across the country. Noteworthy is the theft
case of 14 January, 1987 at the permanent exhibition gallery, National Museum,
Jos which recorded the loss of the following items:
i.
A
bronze leopard head pendant from Igbo-Ukwu in Anambra state, Nigeria with
catalogue No. 60J.59
Igbo-Ukwu
is a village near Awka in present day Anambra state, Nigeria world famous for
its Bronze art. Archaeological excavations at the site by Thurstan Shaw in
1959, yielded hundreds of bronze ritual vessels including roped pots, pendants,
and altar stands among others. These has helped in the reconstruction of Igbo
culture, royal institution, religious practices, social customs etc. Today
Igbo-Ukwu bronze objects can be found at the Nigerian Museums at Lagos, Jos and
Kaduna, the University of Ibadan museum and the British Museum, London.
ii.
Carved
ivory horn from Igbo delta area, Nigeria with catalogue no. 52J.23.10
The Delta
Igbo are the Igbo communities in Delta state, Nigeria. They are also known as
the western Igbos. Many Igbo art pieces were stolen during the colonial rule.
iii.
A
terracotta human head from Ita-Yemoo, Ife
Ife art:
Ile-Ife is the sacred city of the Yoruba. Ife art is a combination of
terracotta, bronze and stone sculptures rendered in a naturalistic style.
Excavations in Ife in 1910 yielded quite a vast collection of terracotta and
stone sculptures. Ife artworks are of very high quality and comparable to the
art of ancient Greece, if not superior.
The year
1993 also was remarkable for the raid of 6 museums including national museum,
Ife in which several cultural objects were stolen. The magnitude of that raid
can be imagined considering that about 95 cultural objects having street value
of about $200m were lost. Lives of security personnel were also lost. The
foregoing account excludes objects looted from archaeological and historical
sites, individual and family holdings over the years, running into several
billions of dollars.
It is not
surprising therefore, that Nigeria, which is among the nations that has been at
the receiving end of this human injustice should be one of the countries to add
its voice to the demand for the return of stolen African heritage when in
December, 2017, the Nigerian Commission for Museums and Monuments demanded the
return of the “Benin Bronzes” looted during the British raid of 1897. Earlier
in November, 2017, the French President, Emmanuel Macron had set a precedent in
Europe by calling for the temporary or permanent return of African works of art
to Africa.
A long
history of international demands for repatriation
Before now,
there have been efforts made at the international and regional levels
respectively to redress the issue of stolen and illegal trafficking in cultural
objects. Much of the measures taken had centered principally on international
legislation and multilateral agreements. The United Nations through its agency
UNESCO has enacted certain international legislations to control illegal trading
in cultural objects: The 1970 UNESCO Convention was a major example. The
instrument sought to prohibit and protect cultural property from illegal
export, import or transfer of ownership. The UNIDROIT convention of 1995 was
also another bold step taken to address the return of stolen and illegally
exported cultural objects. At the regional level, the 1993 European Economic Community
Council directive on the return of cultural objects removed from the territory
of a member state and, the 1994 Commonwealth scheme for the protection of the
material cultural heritage deserve a mention, among several other regional
agreements.
The
question then is, how effective has been these various measures taken to
redress the issue of return of stolen and illegal trafficking in cultural
objects? It is sad to note that, these measures have not been effective in
their primary goals because receiver nations of stolen or illegally transferred
cultural objects like US, Britain, Germany etc. have so far refused to ratify
these conventions. Rather these very few but powerful international interests
have vetoed the aspirations of affected African countries. The implication for
the nation states of Africa, Nigeria inclusive, is that they will have to look
beyond international legislations to redress the issue of stolen and illegally
transferred cultural property, be it now, or in the foreseeable future.
Some
workable alternatives?
African
countries may find workable alternatives in bilateral agreement and memorandum
of understanding between state parties on a mutual basis, where stolen cultural
objects from an assenting party are prohibited from entering illegally, and/or
restored to their countries as the case maybe. For example, the Nigerian
Commission for Museums and Monuments in October, 1997 placed some vulnerable
and threatened cultural heritage on ICOM red list. This is yielding positive
result as some countries like France have already started prohibiting all the
objects embargoed from entry into France, as well as, seizing them for return
to their respective countries.
Another
effective solution should be for the respective countries to put in place
internal legislation and control mechanism that will ensure that cultural
objects do not leave the shores of their countries while at the same time
ensuring that archaeological and historical sites are protected. According to
existing laws in Nigeria, the National Commission for Museums and Monuments
(NCMM) controls and regulates the ownership of trade in antiquities.
Why the
demand for the return of these cultural property?
Every
African individual is a component part of a social setting or group. And the
individuals view about life and related issues are framed by memories -personal
and general, accessed within the context of group living. These commonly shared
memories over time come to be archived in mediums assigned sacred status, of
which objects of art occupies a very prominent place. Spirituality pervades all
that Africans do, and these works of art are more spiritual than aesthetic.
They are crafted with every sense of sacredness to become a receptor of the
life and values of the Africans, and intended to tell his story for generations
to come. Hence, there is an exchange of life between the creator and object,
such that the creator empties his essence into the object to become one
inseparable entity that cannot be comprehended considered apart. Thus, the
object gives voice to the very essence -tangible and intangible, of the group
which sets them apart from any other.
The
celebrated artist Picasso, was one person whose encounter with classical
African art bears eloquent testimony to this fact – he said, “the clarity of
the work is that it doesn’t try to represent or show aesthetics – it tries to
embody something deeper: objects with a soul”. In other words, it is not art
for art’s sake, it is art as life. The value assigned to these works of art is
more spiritual than aesthetic, and of a communal nature. It carries the soul of
the group – their basic identity.
On a
concluding note, it goes without argument that to rob a person of their identity
is to take away their pride and reason for living and confine them to a meaningless existence. When
we reflect on the question of stolen cultural resources, we must understand
that it is not just objects that were taken but generations forcefully uprooted
and taken captive, and robbed a sense of belonging and direction. These losses
are incommensurable. Our heritage is our soul, our memory, our compass, our
identity and links us with our past and present. If a man is denied a past, it
is in doubt, how much of a present and future he can have. Give us back our soul!
Anything contrary to this position gives voice to the unspoken reality that –
it is not yet uhuru for Africa.
EKE-NKEMKA, AMADI NNANNA (Archivist)
NATIONAL ARCHIVES KADUNA,
NIGERIA.
NOVEMBER, 2020.