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Billet

C’est l’histoire d’un mec… (qu’avait peur de la police)

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Magyd Cherfi, French writer in 2007. Credit: Ulf Andersen / Aurimages
publié le 27 novembre 2020 à 20h51

C’est un Français qui vous écrit, un patriote même, un amoureux de la République, un mec qui respecte la loi autant que faire se peut. Quelqu’un qui aime la France, sa laïcité, vénère son Etat de droit et qui vote comme un dévot. C’est un mec qui était si français qu’il a pris ses ancêtres les Gaulois au pied de la lettre, il en connaissait pas d’autres, il était si français qu’il préférait les cow-boys aux Indiens, ces barbares à la peau teinte qui s’attaquaient aux scalps. Un mec dont on dit qu’il est exemplaire, un pur fruit de l’école républicaine, laïque et gratuite. Un pur produit de l’intégration avec son accent de Toulouse et son fanion de l’OM.

Un mec aussi que ses camarades appelaient le traître ou le vendu parce qu'il se battait contre le voile, mangeait du porc et se réclamait de Charlie. Un mec qu'avait des copains flics parce qu'il y a des flics sans préjugés, des flics qui font leur boulot honnêtement, qui jouent pas les autruches en temps de bavure. C'est l'histoire d'un mec qui croit sans être bigot, qui fait allégeance à la République sans pour autant s'agenouiller. Donc c'est l'histoire d'un mec lucide qui prend pas les enfants de la République pour des oies dociles, apprivoisées. Un mec qui entend dire que la police ne serait pas raciste et qui demande qu'on le lui prouve. Un mec qui a peur de l'uniforme en général, qui espère être protégé mais qui prend quand même ses jambes à son cou quand il en voit un. Un mec qui se sent suspect face au képi e