Menu
Libération
idées

Rene Almeling : «La plupart des hommes n’ont pas entendu parler de leurs organes reproducteurs depuis le lycée»

Article réservé aux abonnés
La sociologue américaine explique pourquoi l’andrologie, pendant masculin de la gynécologie, a tant de retard. Les hommes seraient pourtant surpris de savoir quel impact leur propre santé a sur celle du fœtus. Et notre rapport à la reproduction pourrait s’en trouver transformé.
(Dessin Fräneck)
par Laure Andrillon, correspondance à San Francisco
publié le 11 décembre 2020 à 17h51

Imaginez un monde dans lequel un dénommé John a sur sa table de chevet un Guide pour produire des spermatozoïdes sains. Il mange bio, il lit attentivement les étiquettes du savon, du dentifrice, de la lessive, inquiet de s'exposer à des composants pouvant altérer la santé du bébé qu'il espère concevoir avec sa compagne. Il prend à contrecœur des douches tièdes, histoire de ne pas «surchauffer son sperme». Il s'empêche de fumer et opte pour le jus d'orange quand il retrouve ses amis pour l'apéro. Ensemble, ils devisent sur leur «horloge biologique», partagent leur anxiété face à un tic-tac de plus en plus pressant.

Ce scénario est la seule partie fictive du nouveau livre (non traduit) de la sociologue Rene Almeling, qu'elle a intitulé avec humour GUYnecology, à partir d'un jeu de mots entre «gynécologie» et guy, signifiant «mec» en anglais. L'autrice explique que le monde de John, si familier pour bien des femmes, n'existe pas, mais qu'il pourrait. Les recherches mettant en évidence l'influence de l'âge, des comportements et de l'exposition aux substances chimiques du futur père sur la santé de sa progéniture sont très récentes et peu connues du grand public, fait remarquer la professeure de l'université Yale.

Dans un ouvrage mêlant histoire de la médecine, théorie du genre et enquête sociologique, elle tente plus largement d'expliquer pourquoi l'andrologie, pendant masculin de la gynécologie née dès le XIXe siècle, n'en e