Feu la glace ? (3/4) Tant va la glace à l'eau, qu'à la fin, elle fond : le réchauffement climatique menace les icebergs et les glaciers de disparition. Glaciologues et explorateurs nous emmènent à la découverte de ces masses de glace bien vivantes, thermomètre de l'état de santé de notre planète.
En glaciologie comme ailleurs, il se pourrait bien que les carottes soient cuites. L’accélération de la fonte des glaciers du monde entier pourrait rapidement priver les chercheurs de la possibilité de réaliser des carottages profonds dans les glaces. Pourtant, ces longs cylindres d’eau gelée, qui résultent de l’accumulation de neige de plusieurs siècles ou millénaires, permettent de reconstituer l’histoire du climat sur notre planète.
D’où «Ice Memory», le projet fou né en 2014 par le géochimiste, glaciologue et paléoclimatologue Jérôme Chappellaz : constituer des «bibliothèques» de carottes glaciaires en Antarctique telles des archives pour les générations de chercheurs. Directeur de l’Institut polaire français Paul-Emile-Victor (Ipev) depuis 2018, ce scientifique d’origine savoyarde raconte l’avancée du projet et revient sur l’histoire des carottages de glace, depuis les travaux de Claude Lorius, le père de la glaciologie, qui réalisa des analyses déterminantes dans les années 80, grâce à l’étude de ces échantillons en provenance de Vostok, en Antarctique.
Vous avez débuté la glaciologie dans les années 80 à un moment où elle naissait, comment cela s’est-il passé ?
Enfant, j’étais fasciné par Haroun Tazieff. Cela m’a conduit à des études en volcanologie, au cours desquelles