Deux dangers assombrissent l'avenir de la planète : le réchauffement climatique et la montée de l'extrême droite. Peut-on les appréhender ensemble ? C'est l'objectif que s'est fixé le collectif Clara-Zetkin, qui réunit depuis l'été 2018 des chercheurs et des militants internationaux autour de la figure de cette militante allemande, communiste, féministe et antifasciste, morte en 1933. Des échanges et des travaux de cette équipe est né l'ouvrage Fascisme fossile. L'extrême droite, l'énergie, le climat (La Fabrique, 2020). Se plaçant dans une logique de combat face à l'extrême droite, l'ouvrage défend l'idée selon laquelle le fascisme a frayé avec les questions écologiques dès l'entre-deux-guerres et produit aujourd'hui des formes de «négationnisme climatique».
Rencontre avec le géographe suédois Andreas Malm, coordinateur de l'ouvrage, et Lise Benoist, chercheuse indépendante et membre française du collectif : ils déclarent la guerre à un ennemi qu'ils jugent de plus en plus violent.
L’intrusion de soutiens de Donald Trump au Capitole, à Washington le 6 janvier dernier, est-elle l’indice d’un retour en force du fascisme ?
Andreas Malm : L'assaut du Capitole révèle les forces et les faiblesses des fascistes aux Etats-Unis. Forces, tant il semblait inconcevable que les nationalistes blancs les plus durs - dont des nazis revendiqués - se rapprochent à ce point du seuil du pouvoir, au sens littéral du terme. Faiblesses, parce que les classes dominantes se sont immédiatement opposées : chez les républicains et les plus proches alliés de Trump, nombreux sont ceux qui ont condamné avec les dé