Tribune. Depuis la parution de La Familia Grande de Camille Kouchner, à la suite du Consentement de Vanessa Springora, deux textes publiés dans une collection de littérature au cours de la rentrée littéraire de janvier 2020 et 2021 ayant conduit l'un et l'autre à l'ouverture de deux enquêtes par le parquet de Paris pour viol, violences, agressions sexuelles, le petit monde des gens concernés par la littérature, auteurs, autrices, éditeurs, éditrices, critiques, lectrices et lecteurs, bruisse de discours contradictoires.
Que les choses soient claires : sans ambiguïté, tout le monde salue le courage de deux femmes qui ont dynamité un mur de silence dressé par deux puissants establishments différents, celui de Saint-Germain-des-Prés et celui du pouvoir politique autour de Sciences-Po Paris. Cependant, ici et là, de manière ténue, quelques bémols sont audibles. Par exemple, la réception, unanime, n'aborde jamais les deux textes en tant qu'objet littéraire. Surtout, jamais les deux textes n'ont été lus comme une œuvre en mesure de créer une forme-sens remarquable, susceptible surtout d'exister au-delà de la circonstance médiatique qui les accompagne. Pourquoi ? La rentrée littéraire a-t-elle été injustement kidnappée deux fois par deux textes qui ne méritaient pas d'y figurer ?
L’enjeu contemporain littéraire est celui de la réception médiatique
La question est de savoir, si, oui ou non, au-delà du «coup médiatique», les conditions sont réunies pour une lecture littéraire du texte de Camille Kouchner et, a