Tribune. Il s'agit d'un hommage de proximité à un amoureux des grands espaces, à un célébrant des émerveillements, à un fan de jazz qui élargissait son époumonnement aux confins de l'univers. Michel Le Bris, écrivain, éditeur et agitateur littéraire, vient de larguer les amarres. Le hasard fait que nous avons de nombreux «lieux communs». Je vais tenter d'en dresser un inventaire qui ne se résume pas à un enracinement réducteur. En espérant que le granit du Finistère en rape les poncifs et que les goémons des marées d'équinoxe en tamisent les platitudes.
Le Trégor. En Basse-Bretagne, dans le Trégor immatriculé 29, on prononce «Le Bris» en y ajoutant un «e» final. Et ça donne «Le Brize», comme un brisant et une brise, comme un brigand ou un briscard qui briserait là. En tout cas, ne pas dire «Le Bri», tel un bris de vitres, un délit, un dépit, ou un fromage d'Ile-de-France. En breton, brizh signifie «tacheté», bariolé, tavelé. Ce qui va bien au goût de l'étranger du créateur du festival Etonnants voyageurs.
Le Fort. Gamin, les jours de tempêtes, il allait écouter battre le pouls de la mer contre des rochers que je connais bien. Tandis que la houle faisait vibrer la pierre, il se protégeait des vents d'ouest à qui il demandait de lui fendre l'âme, de lui ouvrir l'esprit, de le transporter vers des contrées rêvées. Je distingue précisément l'endroit où il se blotissait. Il est sit