On identifie bien l'Opéra Garnier à Paris. Mais connaît-on bien l'homme et le concepteur de ce monument national, Charles Garnier? C'est une des raisons de se précipiter à l'école des Beaux-Arts de Paris, où l'architecte (1825-1898) a fait ses études, pour y découvrir une exposition attachante. Alors qu'elle pourrait être érudite et livresque, elle est parlante. On a l'impression qu'elle est commentée par Garnier lui-même, qu'il est présent, qu'il débat. Car tous les documents présentés, qu'ils soient intimes ou attachés à son oeuvre, sont accompagnés de ses textes, articles ou lettres.
Le physique de Garnier, sa belle gueule de romantique tourmenté, un peu brun – on le surnommait l'Indien – introduit cette saga grâce au portrait de William Bouguereau de 1853. La première salle est dédiée à «l'Oeil et la plume» du maître. A travers les caricatures qu'il croquait lui-même ou qu'il collectionnait, défilent sa vie, son agence de l'Opéra, sa famille et ses amis, son séjour insouciant à la villa Médicis de Rome, ses nombreux voyages. Se dessine la comédie humaine, mondaine de l'époque; un tableau un peu «people» Second Empire. S'y ajoutent ses dessins, quelques photographies, et des textes d'opérettes, véritables pochades potaches qu'il écrivait.
Portrait de Charles Guarnier par William Bouguereau, 1853 @ENSBA
Surgit là un homme de paradoxes, qui était écartelé entre romantisme et académisme, éclat et rigidité. Il aime Gustave Eiffel mais pas la tour