Menu
Libération

Charles Garnier, un people d'Empire

Article réservé aux abonnés
Aux Beaux Arts de Paris, l'exposition «Un architecte pour un Empire» révèle un personnage célèbre mais contradictoire. Et tous les dessous de l'Opéra Garnier.
publié le 28 octobre 2010 à 11h46
(mis à jour le 29 octobre 2010 à 19h36)

On identifie bien l'Opéra Garnier à Paris. Mais connaît-on bien l'homme et le concepteur de ce monument national, Charles Garnier? C'est une des raisons de se précipiter à l'école des Beaux-Arts de Paris, où l'architecte (1825-1898) a fait ses études, pour y découvrir une exposition attachante. Alors qu'elle pourrait être érudite et livresque, elle est parlante. On a l'impression qu'elle est commentée par Garnier lui-même, qu'il est présent, qu'il débat. Car tous les documents présentés, qu'ils soient intimes ou attachés à son oeuvre, sont accompagnés de ses textes, articles ou lettres.

Le physique de Garnier, sa belle gueule de romantique tourmenté, un peu brun – on le surnommait l'Indien – introduit cette saga grâce au portrait de William Bouguereau de 1853. La première salle est dédiée à «l'Oeil et la plume» du maître. A travers les caricatures qu'il croquait lui-même ou qu'il collectionnait, défilent sa vie, son agence de l'Opéra, sa famille et ses amis, son séjour insouciant à la villa Médicis de Rome, ses nombreux voyages. Se dessine la comédie humaine, mondaine de l'époque; un tableau un peu «people» Second Empire. S'y ajoutent ses dessins, quelques photographies, et des textes d'opérettes, véritables pochades potaches qu'il écrivait.

Portrait de Charles Guarnier par William Bouguereau, 1853 @ENSBA

Surgit là un homme de paradoxes, qui était écartelé entre romantisme et académisme, éclat et rigidité. Il aime Gustave Eiffel mais pas la tour