Dakar a-t-elle un surnom? Elle pourrait être « la ville couleur de poussière rouge », qu'évoque l'écrivain Boubacar Boris Diop. La capitale sénégalaise explose en effet de latérite rouille, matière constitutive avec le basalte de cet ancien volcan. Une terre mise à vif sur les trottoirs ou les rues crevassées. Est-ce une cité complètement déglinguée, comme ses taxis jaunes et noirs cabossés, ou une agglomération en mouvement qui cacherait son jeu patrimonial ? Hésitation. Entre l'abandon de l'imposante gare coloniale de 1910 et les assauts contemporains, telle la statue de la Renaissance africaine, hybridant « réalisme-socialiste » et « négro-africanité », ce monument s'élève à 52 mètres au-dessus d'une des deux collines de la ville. Les fameuses « mamelles », nourrissant la magnificence mégalomane du président Wade.
Cette ville, fondée en 1860 par les militaires français sur la presqu'île du Cap-Vert, embrouille tellement ses strates que les limites entre centre colonial du Plateau et petit Harlem de la Medina sont parfois inextricables. « Le Dakar culturel se visite en une demi-journée, après on n'a plus rien à voir », regrette Hamady Bocoum, chercheur et directeur du patrimoine culturel (1). « Quand on aura fini de tout raser, comme le marché de Sandaga, que restera-t-il ? Les quartiers n'ont plus de personnalité. » Les Dakarois conseillent : « Fuyez les stéréotypes, rompez avec le manichéisme », conseillent le