On construit très peu de grandes églises en France, six ou sept ces dix dernières années. Aux Lilas, en Seine-Saint-Denis, Notre-Dame-du-Rosaire, qui a été consacrée le 30 janvier, fait figure d'exception en 2011. Elle remplace l'ancien lieu de culte bâti en 1887, si vétuste qu'il va être démoli. Sur 1 000 m2, offrant 500 places, le nouvel édifice, destiné à la communauté catholique, est aussi un bâtiment public, en vertu de la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat. Il implique une double maîtrise d'ouvrage, la ville (4,2 millions d'euros) et le diocèse de Saint-Denis (2,3 millions d'euros).
Monolithe. C'est l'agence Enia architectes, avec l'Italien Mauro Galantino, qui a gagné ce concours d'architecture en 2005. Emissaire de cet atelier parisien, Brice Piechaczyk (né en 1973) fait le guide, du bénitier au tabernacle. «C'est un sujet passionnant, explique-t-il, qui exprime l'essence du métier. Une église met en scène le corps, il faut émouvoir, servir une liturgie, créer des séquences rituelles.»
Rue Jean-Moulin, un monolithe en pierre blanche, opaque, est mis en léger mouvement par des plis rigoureux. Sans ostentation, ce volume dégage une présence limpide, au carrefour d’un tissu urbain hétérogène. Côté façade, un biais et la pierre sombre du soubassement organisent le parvis généreux.
Le narthex, ou vestibule, ici dilaté, invite à baisser la voix. De façon atypique, il mène à la nef par une entrée latérale, en pente. Contrai