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Libération

Camper met le design à ses pieds

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Sur l’île de Majorque, la marque espagnole collabore avec une armada de créateurs pour dessiner chaussures, boutiques, hôtels. Reportage au cœur d’une entreprise à l’écologie et au succès bien assumés.
A San Sebastian, la boutique Camper, designée par Alfredo Häberli.?? (DR)
publié le 4 juin 2011 à 16h16
(mis à jour le 14 juin 2011 à 11h22)

Majorque, n'est pas qu'une usine à touristes allemands dans un urbanisme bétonné et baléarisé. C'est aussi l'île du cuir et des belles chaussures où l'on prône la « walking society ». Telle est la devise du « mondillo » Camper. Dans la petite ville d'Inca, entre amandiers et zone industrielle, le musée du soulier témoigne de l'histoire de cette industrie. Un certain Antonio Fluxá (1853-1917) y tient une place prépondérante. En 1877, il a créé la première manufacture de chaussures espagnoles-classiques, un peu britanniques.

Un siècle plus tard, Lorenzo Fluxá, son petit-fils (né en 1947), crée la marque Camper (« paysan » en Majorquin) et modernise l'entreprise. à la mort de Franco, en 1975, tout devient possible dans l'accélération vers la démocratie. En 1976, la tennis en cuir Cameleon reflète les aspirations des jeunes. Inspirée de la tatane rurale de l'île, cette « décontractée chic » est déjà écologique avec ses semelles en pneu recyclé. Elle se porte en ville, se veut unisexe, une belle entorse dans une Ibérie encore très machiste.

L’histoire décolle à Barcelone. La première boutique de Camper, calle Montaner, ouvre en 1981. Innovante, elle expose tous les modèles et toutes les tailles de baskets ou de sandales. S’y exprime aussi la movida que la ville de Gaudí joue à la catalane. Ce point de vente a été conçu par Fernando Amat, l’idéologue-propriétaire du fameux bazar Vinçon, étal de beaux objets quotidiens. Comme son complice L