Mathilde Brétillot, la gourmandise
Il n’est pas difficile pour Mathilde Brétillot de prendre au mot le thème des «Conversations» des Designer’s Days. L’échange, le lien aux autres, la rencontre sont le principe même de son travail de designer, qui, comme par hasard, prend la forme de cercles ou de chorégraphies rassembleuses. Chez Boffi Cuisine, éditeur italien, elle conçoit cinq objets pour réunir, faire parler. Un plateau que l’on pose, à deux, sur ses quatre genoux devient guéridon, des assiettes en marbre sculptées à Carrare sont décorées de baisers (photo ci-dessous), des bougeoirs les éclairent, des miroirs de table reflètent les Narcisse, un flacon de cognac dégage ses vapeurs. Ces objets, elle les met en scène en regard de films qui sont autant de tables des sentiments, des idées, du rien du tout, du brouhaha, et des silences.
Car il y a différentes manières de parler. En silence, comme dans La part des Anges, un jeu de poker où pas un mot ne sort. De même, Les Nouveaux Robinson Crusoë sont seuls au monde mais dînent avec la foule de Facebook. Mais dans La table du roi Arthur, sept personnes déjeunent, s'expriment et s'écoutent. Elles racontent leurs rêves réalisables. Le petit Graal personnel de Mathilde Brétillot, c'est un lieu en ville à inventer qui ne serait pas un restaurant mais une grande cuisine accueillante, avec un frigo rempli. Fini les courses, la répétition familiale, l'ennui de la solitude, on se donne rendez-vous entre amis, on se fait une bouffe, on cuisine e