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Libération
Critique

Le bel âge de l’hortillonnage

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A Amiens, les jardins flottants du XIXe siècle sont remis au goût du jour grâce à un festival lancé en 2010 par des paysagistes.
publié le 6 septembre 2011 à 0h00

«Des maraîchers, y en a partout, des hortillons, y en a qu'ici.» Le dicton picard est gravé sur une stèle de l'«Ile perdue», parcelle de terrain anciennement cultivée, au cœur des hortillonnages d'Amiens. Dispersés sur 300 hectares de marais, les jardins flottants qui, au XIXe siècle, ont valu à la cité picarde le surnom de Venise des légumes sont aujourd'hui largement délaissés ou transformés en jardins d'agrément. Mais, pour la deuxième année, de jeunes créateurs, paysagistes ou plasticiens, réinventent le lieu aux côtés d'une poignée d'agriculteurs hortillons encore en exercice. Erosion. Cabanes en bois rouge sang, plantations auxiliaires, sculptures sur l'eau : quatorze jardins et autant d'installations artistiques investissent une vingtaine d'îlots et leur voisinage aquatique. Ici, le Potager embarqué de Florent et Gregory Morisseau, espace maraîcher mobile et flottant, propose un retour à la vocation première de l'hortillonnage, qui n'est pas sans rappeler les revendications écologiques actuelles : produire local. Au «Jardin d'Erode», Mathieu Gontier et Chloé Francisci redessinent avec des terrasses en bois les anciens contours de l'île - grignotée par l'érosion. Dans un registre plus fantasque, Thomas Wattebled lance un clin d'œil aux leurres de chasse habituels des zones humides, avec cinq oies empaillées, têtes dans l'eau et pattes en l'air.

A l'origine de ce vaste projet, la Maison de la culture d'Amiens, et la