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Critique

Manufrance profonde

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A Saint-Etienne, une exposition retrace un siècle de la célèbre manufacture d’armes et de cycles fondée en 1885. Un miroir de la société française.
publié le 13 septembre 2011 à 0h00
(mis à jour le 18 novembre 2011 à 16h09)

Enseigne mythique, Manufrance a résonné comme le sésame de la consommation de masse et a visé juste pendant presque cent ans, miroir d'une France du XXe siècle, majoritairement profonde, du travail aux luttes, de la maison aux loisirs. Elle a mis dans sa roue les premiers écologistes et est l'ancêtre inventive de la Redoute et des Trois Suisses, mais aussi de Darty pour le «Contrat de confiance» et d'Ikea pour le «Faites-le vous-même».

C'est fleur au fusil de chasse (l'Idéal, 1890) ou à vélocipède (la Superbe, 1888) que le jeune armurier Etienne Mimard (1862-1944) invente et dirige la Manufacture française d'armes et de cycles de Saint-Etienne. Il a fondé cette entreprise en 1885, avec son confrère Pierre Blachon. Elle deviendra Manufrance en 1947.

Le Chasseur français, bulletin officiel de la société, en est l'émissaire dans les foyers. Il est complété par les fameux Tarif-Album illustrés, envoyés aux clients contre 30 centimes. Œuvres graphiques et artistiques, ils étaient conçus comme «une véritable encyclopédie pratique et raisonnée de tout ce qui se rattache à la chasse, à la vélocipédie, la pêche, aux sports et à la vie en plein air». Ils deviendront le célèbre Catalogue Manufrance.

Esbroufe. En France, en Europe, dans l'empire colonial, grâce à ce premier système de vente directe par correspondance, la carabine monocoup Buffalo devient un best-seller. En