Avec fierté, madame F. fait visiter son nouveau duplex… qu'elle l'occupe depuis des décennies. Mais il a été complètement transfiguré. «On avait de toutes petites fenêtres, la façade tombait abrupte sur le vide.» Cette retraitée s'est vite habituée aux grandes baies vitrées qui donnent sur sa pimpante loggia. Elle l'a transformée en bar, en hommage à son défunt mari qui était musicien de cabaret. «Là, on a abattu un mur pour libérer la cuisine, ici un autre pour agrandir le salon.» Les chambres aussi sont ouvertes sur le jardin d'hiver, elle peut y héberger ses petits-enfants. Réelle impression d'être dans une maison perchée, plutôt que dans un F5 standard. «On a toujours eu une très belle vue sur Paris. Mais j'ai beaucoup plus de lumière, de confort, d'espace : tout a été refait à neuf, on circule mieux.» Cette locataire s'estime gagnante. Elle habite la Tour Bois-le-Prêtre, dans le XVIIe arrondissement de Paris, en bordure de périphérique nord.
Obstination. Comme bien d'autres buttes témoins des années 60, cette tour de logements sociaux aurait pu être détruite. Elle a résisté et du haut de ses 50 mètres, savoure sa transfiguration. A l'extérieur, sa façade vibre de nuances de gris argenté, un peu cinétiques. Sa volumétrie de demi-niveaux est accentuée, mise en valeur par des loggias et balcons qui s'y sont accrochés (lire page suivante). A l'intérieur, certains habitants ont repris possession de leurs logement