«C'est par les gares que je rentre dans les villes.» Ce n'est pas la formule passe-partout d'un simple voyageur, mais celle de Jean-Marie Duthilleul, né en 1952, ingénieur, architecte et urbaniste et surtout «le» concepteur français spécialisé en la matière. Il a aussi bien œuvré à Besançon, Shanghai, Turin ou Mumbai (Bombay).
À Paris, on doit à son équipe la transformation de la gare Montparnasse, («une simple découpe inachevée pour greffer le TGV») celle du Nord, mais aussi de Saint-Lazare (1), Austerlitz et Lyon dont les redéploiements vont s'achever en 2012. Un travail qu'il mène avec Etienne Tricaud à la direction de l'Arep, bureau d'études et filiale de la SNCF .
«Ce n'est pas banal une gare, explique Duthilleul, on y arrive et on en part dans un état psychique et physique particulier. C'est un entre-deux, un seuil poétique, une première fois dans une ville.» Quais, salles des pas perdus, départ ou terminus sont les héros épiques de la peinture, du cinéma, et de la littérature.
Des lieux que Proust décrivait dans la Recherche comme «spéciaux, lesquels ne font pas partie pour ainsi dire de la ville mais contiennent l'essence de sa personnalité de même que sur un écriteau signalétique elles portent son nom». L'écrivain avait saisi l'essence «non urbaine» de ces haltes du XIXe siècle, à la limite des villes, que l'on a d'abord nommées embarcadères à l'image du transport fluvial.
Les gares ont leur identité, certaines o