Le 21 septembre 2009, Guillaume Bardet se lance dans un pari fou, dicté par aucune commande si ce n'est la sienne, impérative : dessiner pendant un an un objet par jour, soient 365 pièces, puis les réaliser en terre avec des potiers. «C'était un désir, longtemps enfoui, lié à la frustration de mon métier de designer, qui est devenu une question de survie.»
Pari de fada ? Que veut-il prouver en se lançant dans ce torrent de production, face à la fragilité de l'art du feu et du matériau céramique ? Ne créons aucun suspense, après 800 jours de travail, Bardet a réussi cet exploit : ses 365 pièces, de toutes dimensions et formes, en faïence, grès ou porcelaine, sont exposées à la manufacture de Sèvres, sous le titre L'usage des jours. Avec un bel ouvrage (1), indissociable du projet.
Affirmons aussi que Guillaume Bardet est vivant. «Guiom» (son surnom), né à Rouen en 1971, a été un type régulier, un enfant qui a toujours dessiné, qui a vécu dans une famille bourgeoise confortable, qui s'est ennuyé à l'école juste ce qu'il faut, pour se rétablir à l'école des Arts décoratifs de Paris : «Là, je comprends que le design est ma vie.»
Après son diplôme, il travaille dans l'atelier de l'ami Jean-Marie Massaud, star généreuse du design industriel. «Et moi dans tout cela ?», se demande-t-il souvent. «Nos produits, à peine finis, sont oubliés. Faut-il accepter de vivre en mode star, au rythme de l'écume des jours ?» Il se met à son compte, et en