En 1951, le Festival étatique «Britain» de Londres rappelle la modernité à l'Angleterre de l'après-guerre, avec l'œuvre emblématique Woman Resting, de Reg Butler, une sculpture en acier dynamique, ou le mobilier de jardin en métal perforé d'Ernst Race. Mais le couronnement de la reine Elizabeth II en 1953, débordant de fastes décors excentriques, exalte sa monarchie kitsch immuable. Telles sont les deux bornes qui s'entrechoquent au commencement de l'exposition «British Design, 1948-2012», au Victoria & Albert Museum (V & A). Une recette très british, un jeu avec l'oxymore «technologie vernaculaire», où le mot design est à prendre au sens anglo-saxon : du mobilier à l'architecture, de la mode au graphisme, de l'art au spécifique «Theater Design», pour le décor de la pièce As You Like It, de Shakespeare, par Ralph Koltai.
Non chronologique, organisée selon trois thèmes, la saga de soixante ans de «britishness» est cadrée par deux dates clés : les «pauvres» Jeux olympiques de 1948 et la richissime compétition mondialisée attendue le 27 juillet 2012.
Arts & Crafts contre Bauhaus
C’est l’inévitable relation entre «tradition et modernité» (1945-1979), dans une mise en scène old fashion, qui ouvre cette mutation de l’économie et de la culture en Grande-Bretagne. Se met là en mouvement une fresque dense de pièces et de documents : tour moderniste des années 60 signée Erno Goldfinger, ville nouvelle de Harlow, centre de shopping, école et univer