Chaises ou objets aux formes bizarres, très onéreuses. Voitures écolos dernier cri. Ustensiles high-tech comme l'iPad. Voici le plus souvent les outils que l'on classe en France à la rubrique «design», accusés d'être au service du libéralisme capitaliste. On ignore souvent que cette discipline, dès sa naissance avec la révolution industrielle du XIXe siècle, a d'emblée posé sa relation à la politique et à l'utopie.
C'est cet «engagement» du design que la critique et historienne de design, Alexandra Midal, analyse dans l'exposition «Politique Fiction», présentée à la Cité du design de Saint-Etienne, dans la Loire. En partant de son essai, Introduction à l'histoire d'une discipline (1), la pétulante Midal invente un dispositif triptyque composé d'un catalogue indépendant, d'un film, le Design au combat, et d'une exposition en forme de manège. Ou tournent, devant le visiteur, les démarches théoriques de quelques designers critiques. Il faut croiser les trois supports, comme un kaléidoscope, pour remonter à la généalogie de cet art dit appliqué.
Exalter les rêves
Quand serait né le design et ses implications sociales ? En 1840, à Chicago, avec Catharine Beecher (1800-1878), éducatrice connue pour son Traité d'économie domestique. Elle entend soulager le travail des femmes et défend le bien-fondé de l'abolitionnisme, les machines pouvant remplacer le personnel esclave. Midal replace d'emblée les femmes, oubliées dans cette épopée. La designer Matali Cra