Tozeur. Cette oasis touristique du Sud tunisien à peine traversée, et l'on file en 4x4 sur des routes de dunes. L'une hallucine par les vestiges factices du tournage de Star Wars, en 1976. Une autre aveugle, irisée par le chott el-Jérid, mer de sel qui par endroits saigne de cristaux rouges. Une troisième mène directement à Nefta, où s'est posé, à fleur de dune, le Dar Hi. Une maison d'hôtes contemporaine et écologique, conçue par des passionnés : les deux propriétaires Philippe Chapelet et Patrick Elouarghi, et la designer Matali Crasset.
C’est un «Dar», une maison
Tous trois ont déjà inventé l'expérimental Hôtel Hi de Nice, et le Hi Matic, immeuble de cabanes faubourien à Paris (1). Mais là, dans le désert, ils ont ouvert ce gîte de luxe en 2010, en pleine révolution, entre palmeraie sinistrée et pauvreté des habitants. Des inconscients ? Ont-ils dessiné une fable sur le sable, un fantasme utopique à côté de la palme ? «Mais ce n'est pas qu'un hôtel», répètent-ils tous trois. On va voir. On distingue enfin le Dar Hi de loin. Sa silhouette doucement crénelée ne heurte ni la composition – brune, ocre et blanche – des maisons voisines, ni la palmeraie, ici nommée la Corbeille. En ville, son entrée, entre mosquée et rues de sable, ne pavoise pas.
On pénètre alors dans le «skifa» (sas), puis sur une rampe en pente, aux couleurs vives doucement tamisées. Des babouches (pas obligatoires) sont alors proposées : «Laissez votre mode de vie dehors !» Pas de comptoir, l'accueil