En alternance avec le grand raout consacré à l’art contemporain, la Biennale internationale d’architecture de Venise se confronte à une question récurrente: faut-il montrer les bienfaits (ou méfaits) de l’architecture de manière pédagogique ou mettre en scène concepts et recherches qui la nourrissent sous forme d’installations artistiques? Car ce rendez-vous international de la profession, des concepteurs stars aux étudiants, n’est pas un congrès, c’est aussi un panorama mondial de la discipline ouverte pendant trois mois au public, 200000 visiteurs ont été accueillis en 2010. La treizième édition de la manifestation oscille entre laboratoire international de la pensée et exemples concrets très nationaux.
Le commissaire, l’architecte britannique David Chipperfield, a mis sérieusement à contribution ses confrères, mais sur un thème si général: «Common Ground»! «Commun», mot pertinent à redéfinir, notion si oubliée face à la culture dominante du non-partage. «Common » qui sonne comme un «Come on», «venez», mettons-nous au travail! Mais «ground» (on pense inévitablement à Ground Zero à New York) fut interprété de cent manières différentes: territoires, fondements, fondations, terre, fondamentaux. Comme un terrain vague, riche d’herbes folles expérimentales, de sédiments du passé, de délaissés à reconquérir. Il y a là une volonté louable chez Chipperfield de rompre avec l’archi star-système, de dépasser formes ou styles des bâtiments, de ne plus crier au génie créateur mais d’app