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Interview

«Si on vénère le passé, on s’ankylose, si on jette tout, on perd trop»

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Marc Barani, architecte et commissaire de l’exposition «Patrimoine : héritage/hérésie», invite, en vidéo, à un voyage entre Katmandou et Ouagadougou où il bouscule les idées reçues.
publié le 6 septembre 2012 à 21h36

Né en 1957 à Menton, lauréat du prix de l'Equerre d'argent 2008 pour la gare du tramway de Nice, l'architecte «méditerranéen» Marc Barani travaille en anthropologue et en équipe pluridisciplinaire. C'est avec son frère Christian Barani, artiste vidéaste, la scénographe danoise Birgitte Fryland et les graphistes hollandais Dirk Behage et Evelyn Ter Bekke, qu'il affronte la question polémique du patrimoine. Avec un support unique - la vidéo - il invite à un voyage critique et poétique, de Katmandou à Ouagadougou (1). Pour «décaler le regard et fissurer la pensée unique occidentale».

Ce thème, lourd comme les vieilles pierres, n’est-il pas pesant ?

Effectivement, il est connoté ringard. Mais doit-il être réservé aux seuls architectes des monuments historiques, à l’Unesco ? Je me suis dit que le patrimoine c’était le monde, ce qui est là, c’était nous. Cette question est plus vaste que nous, et posée depuis le début de l’humanité. Il m’a semblé intéressant de parler de l’épaisseur du temps face aux tendances architecturales qui se démodent très vite, dans une société où on nous vole la durée.

Votre porte d’entrée, ce sont les mots «héritage» et «hérésie» ?

J’ai mis en tension ces deux mots, comme des outils critiques. «Héritage», ce dont on hérite, et «hérésie», la nécessaire distance pour critiquer cet héritage. Si on vénère le passé, on s’ankylose, si on jette tout à la bassine, on perd trop. Il faut se situer dans un équilibre, un espace électrique, fragile, c’est là que l’on va pouvoir faire quelque chose pour le futur. Dans un futur antérieur, fait de continuités et de ruptures, ce qui débouche