Et Pierre Cardin, tel un archange, est descendu du ciel. Pour offrir une vision à Venise, son palais Lumière, gratte-ciel en verre de 245 mètres de haut sur la friche du port de Marghera, déserté par la pétrochimie, à cinq ou six kilomètres de la cité des doges. C'est peu dire que les Vénitiens ont été surpris du comportement de l'homme d'affaires, qui a profité de la Biennale d'architecture pour présenter des images virtuelles. «Typiquement français comme méthode», confiait un élu.
A 90 ans, voici l'ultime ambition du couturier : sur un site de 19 hectares, 65 étages habitables, un parking de 6 000 places, des appartements (2 millions d'euros les 100 m2), un cinéma de dix salles, un maxithéâtre, un complexe sportif, un hôtel de 500 chambres, des restaurants panoramiques, une soixantaine d'ascenseurs, un héliport…
«Attentat». «C'est une tour pour Dubaï», s'est exclamé l'historien de l'art Tomaso Montanari. «Un attentat contre Venise, dénaturant le paysage pour toujours», qui vaudrait à la ville «l'exclusion du patrimoine mondial de l'Unesco», renchérit l'association patrimoniale Italia Nostra, laquelle réclame au président de la République d'interdire l'opération.
A l’image d’un bouquet de fleurs, selon l’entrepreneur qui a toujours nourri un goût assez particulier en art contemporain, la maquette est un peu hideuse : trois flèches que relient six disques horizontaux, dessinées par le neveu de Cardin, l’architecte