Aborder la question du patrimoine, surtout à Bordeaux, ville historique, européenne, touristique si représentative du classement Unesco, pouvait être très périlleux et ennuyeux. Mais l’exposition de Marc Barani, commissaire d’Agora 2012, biennale d’architecture, d’urbanisme et de design qui s’est tenue du 13 au 16 septembre, risque de rester dans les mémoires. Car, pour mettre en scène «Patrimoine : héritage/hérésie», il a trouvé la bonne voie, ou plutôt différents chemins entremêlés.
Architecte urbaniste niçois et anthropologue, Marc Barani invente une nouvelle forme d’exposition, pluridisciplinaire, en mouvement, accessible au plus grand nombre tout en n’étant pas simplificatrice en travaillant avec son frère vidéaste Christian Barani, la scénographe danoise Birgitte Fryland et les graphistes hollandais de l’atelier parisien Ter Bekke-Behage. En présentant des vidéos, des films qui se regardent, se percutent, ils se complètent. Originalité, ces images seront remontées et mises en ligne prochainement afin de prolonger l’exposition (1).
Pour défendre que le patrimoine «c'est le monde, c'est nous, c'est ce qui est disponible» (Libération du 7 septembre), l'exposition raconte d'abord cinq histoires. Où il apparaît que le patrimoine peut être «matière vivante» au Népal, quand un arbre pousse au milieu d'un temple, faisant corps et sens avec lui. Ou «immatériel» à Ouagadougou, car dessiné par les coutumes invisibles du peuple moaga. Ou encore