Le sur-mesure ? Non, ce n'est pas nouveau. Plutôt le contraire, même, «se faire faire» un objet, vêtement ou accessoire a toujours été un signe de distinction, d'appartenance à la haute société. Pour preuve, un Lucien de Rubempré qui arpentait les tailleurs du Paris balzacien à la recherche d'une redingote à sa taille. Mais, en quelques années, le terme «sur-mesure» a refait son apparition, glissant de dossiers de presse en catalogues d'exposition, servant de label de qualité à un ensemble disparate d'objets, parfois du grand n'importe quoi.
Révélateur de l'angoisse de l'époque face à la sérialisation forcenée, rempart supposé durable, écolo et «moral» à la standardisation mercantile et mondiale, le sur-mesure est aujourd'hui partout : des stratégies de grands groupes de luxe qui en font leur spécificité de niche, jusqu'au mobilier de grande distribution, nécessairement « personnalisé », en passant par les projets de designers expérimentaux qui voient dans les dernières avancées technologiques une révolution radicale de la question de l'objet. Passage en revue.
Du côté des griffes
Se distinguer ou se fondre dans la masse. En recherche de vanité, la mode ne cesse d’osciller entre ces deux pôles. À l’heure où l’on trouve les mêmes produits de luxe dans les grands magasins de Shanghai, Paris ou Dubaï, l’enjeu est de se différencier. Pour les marques comme pour les consommateurs les plus fortunés, l’hyperluxe, particulièrement masculin, ét