«Je suis lent !» s'excuse François Bauchet. Douze ans qu'il n'avait pas proposé un travail personnel à la galerie Kreo. C'est chose faite, son projet a «poussé», jusqu'à l'exposition «Cellae» (cellules). On y compte neuf pièces : des étagères ou bibliothèques, des consoles, deux tables, l'ensemble est gris sombre, mais éclairé de traits blancs, sauf une pièce, plutôt ivoire. Ce mobilier d'exception, en édition limitée, est d'abord mystérieux, car on n'identifie pas la matière. Du béton gris, du marbre ? Non. C'est un feutre technique de couleur claire, imprégné de résine polymère teintée.
Mais il n’y a pas que le matériau qui intrigue, les formes déstabilisent. Les modules, ou «cellules», qui les structurent, un peu organiques, de travers, sont animés de légers déhanchements, dans une géométrie déréglée. Il y a de la tension, du tempo aussi, presque musical, et le plaisir de découvrir quelque chose qui ne ressemble à rien d’autre. Cela crée un déséquilibre, bien d’aplomb, assumé, esthétique aussi, car porté par la complexité mais débouchant sur la simplicité.
Né en 1948 à Montluçon (Allier), François Bauchet a fait ses études à l'école des beaux-arts de Bourges, proche dans les années 70 du mouvement artistique Supports/Surfaces, qui a fait sortir l'art du cadre. Ce qui l'a conduit à sortir le design du seul cadre fonctionnel, à déformer les échelles des meubles. C'est ainsi que dans les années 80, à la galerie Neotu, ses meubles «attentionnés» ou «adress