Sur les bords du Léman, au prestigieux Salon international de l’auto de Genève (1), les designers de l’automobile se montrent plus bavards qu’à Paris, Francfort ou Detroit. Ils sont chez eux. Les carrossiers italiens Pininfarina, Bertone ou Giugiaro y viennent en voisins dévoiler leur savoir-faire comme la Sergio, hommage de la famille Pininfarina au concepteur des plus belles Ferrari avec Enzo. Les grands constructeurs, par les volumes - Ford, Volkswagen, Fiat, Renault, Peugeot-Citroën, Toyota, Kia ou General Motors - ont ici plus d’audace qu’à domicile. Les kilomètres et l’étanchéité de la frontière helvétique les libèrent des pesanteurs qui les paralysent quand ils jouent chez eux.
Du coup, bien malin qui pourra trouver une tendance, massive et indiscutable, dans tout cela. Ou plutôt si, il y en a une qui consiste à se retourner sur ce que l’on a fait dans le passé pour redessiner la voiture de demain. Au risque de tomber dans un passéisme réducteur, comme l’ont démontré la Mini gonflée à l’hélium et la Fiat 500 bodybuildée.
De ce regard dans le rétroviseur vient cette impression d’émiettement et d’un «chacun pour soi» stylistique. Parfois, on s’est tellement éloigné de ce que l’on a été, que tout semble perdu. Jaguar, après avoir été banalisé par son passage chez Ford - on pouvait parler de Jaguar Mondeo -, tente de se souvenir que c’est un félin qui se trouve sur sa carrosserie. Volvo, passé sous pavillon chinois, a oublié qu’elle porte les couleurs d’un pays, la Suède, q