«Je veux effacer l'architecture», a souvent répété Kengo Kuma. Puis il a précisé : «Je ne veux plus faire disparaître, mais harmoniser» (1). Du Japon à la Chine, avec sa virtuose Water/Glass House d'Atami, villa de verre et d'eau (1995), cet architecte et ingénieur japonais, né en 1954, a construit son aura - très nipponne - de grand bâtisseur international. Ce roi des claustras de toutes matières, des transparences et des lumières filtrées, est un synthétiseur de l'Orient et de l'Occident, mariant innovations technologiques et charmes des traditions, atteignant souvent la grâce. Il a gagné, du coup, concours sur concours en France et en Europe. Comment allait-il transposer son art de la fragilité aux deux Frac (fonds régionaux d'art contemporain) qu'il vient de livrer à Besançon et à Marseille? Force est de constater que, de Besançon à Marseille, ces deux Frac ne créent pas tout le trouble que l'on attendait, même si tous les ingrédients - lumière, transparence, haute technicité - sont sous-jacents. A-t-on mythifié Kengo Kuma, son art de l'harmonie et de la légèreté, qui, transféré en France, deviendrait simple exercice virtuose internationalisé ? Sans doute a-t-il géré ces chantiers de trop loin, sans saisir l'essence des paysages jurassiens ou marseillais, empêtré dans les réglementations françaises des commandes publiques. Car on a bien du mal à oublier sa subtile «Great Wall Bamboo» (2002), une maison d'hôtes, certes privée, faite de bambou et
Kengo Kuma, tout à Frac
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Le nouveau Frac de Marseille est habillé de 2500 plaques de verre, disposées tels des pixels devant le béton. (AFP)
par Anne-Marie Fèvre
publié le 10 avril 2013 à 20h06
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