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Libération
Critique

Marseille dans le panneau du verre

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Le nouveau Frac de Marseille. (Photo Emmanuel Barrois. Frac. PACA)
publié le 10 avril 2013 à 20h06

Ala Joliette, le Frac Provence-Alpes-Côte-d'Azur est situé sur une impossible parcelle triangulaire de 1570 m2. L'agence Kengo Kuma & Associates ne pouvait pas jouer l'encombrement comme à Besançon. Ce bâtiment, décomposé en deux corps, l'un allongé, l'autre tour de proue, compense cette contrainte en jouant l'événement avec sa façade. Une double peau de 2500 plaques de verre, disposées devant le béton, telles des pixels (encore !), sorte d'éventail ajouré et ondulant. Ces motifs sont dus au verrier Emmanuel Barrois.

Pour aboutir à un phare décoratif, un peu clinquant la nuit, plus terne le jour. Jeune étudiant, l'architecte japonais avait été fasciné par Marseille, Le Corbusier, et entendait aujourd'hui lui «rendre sa lumière multipolaire et multifacettes, celle de la Méditerranée». Comme à Besançon, il y a une rupture entre extérieur et intérieur, entre un masque laiteux et l'efficacité des grands volumes d'une petite cathédrale. En contorsionnant, pliant le bâtiment entre les immeubles sociaux voisins et la rue, Kengo Kuma a créé «comme des rues superposées», surtout pas des boîtes, pour «un musée sans mur, transparent», ouvert aux habitations et à la ville, avec des terrasses. Il y a là une tension intéressante entre le béton, l'acier et le verre.

Pour y circuler, le chemin était forcément étroit. Kuma s'appuie sur «l'image d'un œsophage, comme différentes étapes de notre voie digestive». C e jeu de boyaux et d'élargissements