Il y a beaucoup à voir à «Interférences». A lire aussi, et à décrypter (avis aux amateurs de plans et de cartes). On peut picorer, ou parcourir studieusement, en suivant l'idée maîtresse de l'exposition : «Ce ne sont pas simplement les relations ponctuelles structurant l'expérience historique qui nous intéressent ici, mais bien les réseaux dans lesquels circulent théories, idéologies et formes. Chacun des deux récits nationaux est en quelque sorte perturbé par l'autre à travers les frontières, elles-mêmes changeantes, tandis que des récits partagés sont élaborés dans les territoires disputés» (1). Traduction : on ne parlera pas des influences de l'architecture allemande sur la française et vice-versa, mais de la construction de deux imaginaires, engrenés et contrariés à la fois par celui de l'autre, voisin et rival, voire ennemi. Avec un champ de «partage» privilégié : l'Alsace et la Lorraine.
Parent pauvre. L'histoire commence vers 1800, comme toute histoire esthétique franco-allemande. En 1803, Madame de Staël visite l'Allemagne, elle en tirera son fameux essai. Trente-deux ans avant, Goethe étudiait à Strasbourg. Soixante-douze ans après, Hugo trempe sa plume dans l'encre brune pour dessiner un Château de Furstenberg dans la brume. Et six ans plus tard, Berlioz compose son Faust d'après Goethe. Comme on voit, ça circule pas mal en littérature, musique et peinture. L'architecture faisait un peu figure de paren