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EXPOSITION

Les Kroll, une utopie habitée

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Paris Design Weekdossier
Architecte et jardinière, Lucien et Simone Kroll ont su allier leur métier dans le respect du désir des futurs habitants. A Nantes, une rétrospective retrace cinquante ans d’activité complice.
publié le 11 octobre 2013 à 23h21

«L'habitation est une action, et non un objet», écrit Lucien Kroll. Souvent réduit à un marginal, pourfendeur baba-écolo du modernisme «frigide» et «schizophrène», cet architecte bruxellois, né en 1927, est méconnu en France. Coup de chance, il est le «maître» de Patrick Bouchain, bâtisseur - atypique lui aussi - du Lieu unique de Nantes. C'est là que ce dernier présente la première monographie française consacrée à Lucien Kroll (lire ci-contre) ainsi qu'à sa femme, Simone, potière et jardinière. Et nous permet enfin de vagabonder avec ce couple étonnant, au fil d'une œuvre percutante.

Ce n'est pas un hasard si Lucien et Simone demeurent et travaillent toujours à Auderghem, commune située au sud-est de Bruxelles, dans un groupe de quinze logements qu'ils ont conçus de 1961 à 1964. En rassemblant amis, associés, cousins, inconnus, ils ne voulaient pas créer une communauté repliée sur elle-même mais «expérimenter une construction collective d'un groupement aléatoire». En tâtonnant, en proposant des volumes plus généreux et des solutions adaptées à chacun : «Nous voulions prouver qu'un groupe cohérent pouvait se passer du système de vente sur plans.» La notion de «vicinitude» s'y invente, c'est-à-dire «l'inverse de la solitude», une «copropriété aimable de voisins». Sans candeur quant aux relations humaines : «Chacun a le dr