C’est comme si cet immense pendentif de lianes lumineuses à trois branches avait trouvé sa place depuis longtemps au-dessus du grand escalier Gabriel du château de Versailles. Cette entrée qui mène aux grands appartements royaux a été conçue en 1772 par l’architecte Ange-Jacques Gabriel, mais n’a été achevée qu’en 1985. On y sent moins le poids historique du monument.
C’est sans doute pourquoi le lustre Gabriel qui vient d’y être installé tombe si bien dans ce contexte. Ses caractéristiques et formes - une présence délicate sans parade, une écriture radicale mais douce, une capacité à occuper un immense espace - décrivent la signature des designers français Erwan et Ronan Bouroullec. Etrangement, leur luminaire n’a rien d’un ovni dans ce lieu majestueux, même s’il n’épouse pas la typologie classique d’un lustre.
«Titillés». Au départ les frères ont hésité à se confronter à ce monument patrimonial. Ils sont plus habitués à des pièces reproductibles. Puis ce projet d'«une œuvre mobilière destinée à éclairer et valoriser cet escalier» - initié par Jean-Jacques Aillagon, alors président du Château, et inauguré aujourd'hui par sa remplaçante, Catherine Pégard - les a «titillés». Car ce ne serait pas une installation éphémère mais un objet fonctionnel pérenne. Après bien des recherches, ils ont gagné le concours international lancé en 2011 par l'établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles.