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Le Corbusier, béton mais pas si brut

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A Marseille, une expo confronte l’œuvre du bâtisseur et peintre-sculpteur au brutalisme, courant architectural, né lors de la reconstruction de l’après-guerre.
Vue de la Cité radieuse à Marseille. (Photo Gerard Julien. AFP)
publié le 24 novembre 2013 à 18h06

«Puissent nos bétons si rudes révéler que sous eux, nos sensibilités sont fines.» Cette phrase de l'artiste architecte franco-suisse Charles-Edouard Jeanneret, dit Le Corbusier, ou Corbu, ou LC (1887-1965), donne de la légèreté à la fin de l'exposition marseillaise, «le Corbusier et la question du brutalisme». Car le brutalisme ne respire pas a priori la délicatesse ou la poésie des roses en béton recherchée par le grand maître du mouvement moderne du XXe siècle. Il évoque a priori des bâtiments massifs, gris et ingrats, standards des années 50-60-70.

Il faut ici entendre «brutalisme» en référence au mouvement architectural radical qui a été défini en 1955 par des Britanniques, les architectes Peter et Alison Smithson et l’historien et critique Reyner Banham. Ils émettaient là trois règles : une lisibilité formelle du plan du bâtiment, une claire exposition de la structure et une mise en valeur des matériaux laissés apparents comme le béton brut de décoffrage. Ce courant se positionne après la Seconde Guerre mondiale, face aux ruines, et entend prendre en compte la production de masse de la reconstruction en Europe.

En posant la question du brutalisme, le commissaire Jacques Sbriglio, architecte et urbaniste à Aix-en-Provence, prend le soin de faire rimer «béton brut» et «romantisme» pour aborder l’œuvre du Corbusier, en se concentrant sur la période 1945-1965. Les vingt ans qui ont vu s’élever la Cité radieuse de Marseille, son premier chantier important d