Difficile de fréquenter Paris - a fortiori Le Havre - sans tomber un jour sur un bâtiment d'Auguste Perret : Palais d'Iéna ou Théâtre des Champs-Elysées ici, église Saint-Joseph, immeubles d'habitation ou hôtel de ville là-bas. La première impression est rarement favorable, face à cette architecture roide, rationnelle, classique («germanique» a-t-on grincé lors de l'inauguration du Théâtre des Champs-Elysées en 1913). Puis le temps passe et le regard change, se fait plus affectueux, prend plaisir à contempler cette radicalité, finit par la trouver jubilatoire. Comment expliquer un tel changement de perception ? Pourquoi l'étoile de Perret (1874-1954), qui a traversé un relatif purgatoire jusqu'à la fin des années 70, s'est-elle remise à briller avec tant d'éclat ? Si l'exposition consacrée à l'architecte au Palais d'Iéna, siège actuel du Conseil économique, social et environnemental, n'apporte pas de réponses explicites à ces questions - car ce n'est pas son objet -, elle permet au moins de les creuser.
Supermarché. D'abord, quel plaisir de visiter Perret dans un bâtiment de Perret ! Le Palais d'Iéna - qui fut initialement le Musée national des travaux publics, en 1939 - est un parfait écrin pour cette exposition, laquelle occupe toute la salle hypostyle du bâtiment. Hélas, les grandes baies vitrées de ce hall sont largement occultées, en parfaite contradiction avec les intentions de l'architecte, qui entendait faire de cet espa