La télécommande est un drôle d'objet. Indispensable pour zapper à la télé ou déclencher d'autres périphériques, c'est le plus souvent un parallélépipède noir ou gris en plastique, plat et moche. «Sois utile et tais-toi !» dit-on à cet outil, qui suscite le courroux lorsqu'il s'avère introuvable ou trop complexe. Certes, la zappette de la Freebox conçue par notre ami (?) Philippe Starck est plus ergonomique, simplifiée, multifonctions. Mais «pourquoi un vase, une chaise, une lampe ont pu devenir des objets chargés de valeurs, d'émotions, de culture alors que la télécommande en est généralement dépourvue ?» C'est la question posée au Lieu du design, à Paris, par l'exposition «Lazy Bytes» : voir là une allusion à la première télécommande mise sur le marché en 1951, la Lazy Bones.
Cette recherche, qui repense cet objet techno-transitionnel, émane de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne associée à l'Ecole cantonale d'art de Lausanne dans un laboratoire commun : l'EPFL + Ecal Lab. «L'ambition de cette exposition n'est pas de remplacer les dernières générations de télécommandes les plus sophistiquées, mais de leur apporter un complément, une alternative : proposer une expérience nouvelle, sensible, culturelle pour renouveler notre rapport au numérique», affirme le Suisse Nicolas Henchoz, directeur de l'EPFL + Ecal Lab (personnage enthousiaste et hybride, né en 1967, qui fut journaliste scientifique mais aussi gastronomique, ainsi que véliplanchiste).