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Interview

Matali Crasset : «Je suis opposée à trop de confort, parce qu'il fige l'espace»

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La designeuse a conçu l'espace et les objets offerts au public du festival Assis! Debout! Couché!, qui commence ce vendredi au Lieu unique de Nantes.
publié le 21 mars 2014 à 12h34

Matali Crasset est designeuse et s’intéresse tout particulièrement aux rituels du quotidien, ainsi qu’au rapport avec les objets de l’espace public. Le Lieu unique, à Nantes, lui a demandé cette année de travailler pour le festival Assis! Debout! Couché! qui amène, depuis deux éditions, le public à interroger sa façon d’être dans une salle de concert.

Qu’est-ce qui vous a intéressé dans la proposition du Lieu unique?

J’écoute de la musique, mais je vais peu en voir sur scène parce que j’ai un agenda chargé. Mais j’aime travailler sur des systèmes modulables, qui apportent de l’informel dans un endroit régi par des codes. Par exemple, une salle de concert est toujours dominée par le noir, parce qu’elle privilégie le travail sur les lumières et ne doit pas interférer. En réaction à cela, j’ai travaillé avec l’Ecole de design de Nantes sur ce que j’appelle des «particules de vie», de petits éléments modulables qui sont comme des pixels de confort que j’ai choisi de fabriquer en orange vif. Je voulais par là ramener de la couleur dans l’espace.

Le confort, justement, a fini par être un argument des salles récentes, aux dépens de la confrontation entre un artiste et son public, qui n’est plus en alerte…

Oui, je suis pour ma part opposée à trop de confort, parce qu’il fige l’espace. Nos pixels, qui s’inspirent de sacs de lestage utilisés sur les chantiers et sont en toile enduite assez rigide, même s’ils contiennent de la mousse, n’offrent pas un confort habituel. Ils seront disposés par terre ou sur des chaises comme des accoudoirs, et permettent de choisir différentes façons de s’asseoir ou de s’allonger.

Le déroulement d’un concert a peu évolué ces dernières décennies, pourquoi selon vous?

Il y a davantage de tentatives vis-à-vis du public au théâtre, parce que les codes sont plus marqués