C’est comme dans un wagon ! Avec des tabourets roulants sur rails, avec les tissus colorés des sièges de tous les tramways du monde. D’un côté, comme à travers une immense baie, défile un long diaporama, travelling animé de paysages et de mobiliers urbains où, de ville en ville, passe régulièrement un tramway de Montpellier - décoré par Garouste et Bonetti - ou de Reims - en forme de flûte de champagne. La si petite salle d’exposition du Lieu du design parisien se prête bien à cette scénographie - certes, évidente - pour faire monter à bord d’une exposition consacrée au tramway. Nous voici donc embarqués pour un voyage dans le temps et sur tous les rails de France. Le commissaire de l’expo, Yo Kaminagai, qui travaille à la RATP (1), sous-titre sa démonstration : «Tramway, une école française !» Encore un effet du redressement cocorico ?
Ringard. Ce parti pris, auquel on n'avait jamais pensé, devient une évidence, surtout un drôle de paradoxe. Car ce moyen de transport doux et fluide connaît un succès incroyable, de Strasbourg à Marseille, de Bordeaux à Grenoble, parce qu'il a été éliminé à partir de 1937. C'est un revenant. Contrairement à d'autres pays, ce ringard a ici été renvoyé (trop vite ?) dans les réserves et les casses du passé, au profit du métro, des bus et du «tout-voiture» pompidolien. «C'est de facto que l'on peut parler d'école française, précise Yo Kaminagai. Car il a fallu tout reconstruire à partir de rien.