On ne vient pas ici par hasard. Après avoir franchi un dernier tori (portail), commence en silence la montée des marches sur les pentes du mont Kujo. «On quitte la ville et, hop !, on bascule dans le monde de la colline, des esprits, de la nature et de la création», se souvient Corinne Atlan. L'écrivaine et traductrice garde en mémoire les moments «inspirants et précieux» passés en 2003 à la Villa Kujoyama, résidence française d'artistes sise aux portes de Kyoto. Après deux ans de fermeture, d'incertitudes sur son avenir et de travaux, elle rouvre samedi. La belle endormie fait peau neuve avec une direction franco-japonaise, 23 résidents pour les seize prochains mois (lire ci-contre) et l'ambition de sortir de son isolement.
Sur le mont Kujo, qui héberge des prêtres silencieux, de vives belettes, des singes agités dans la cime des cyprès et des bambous, la Villa occupe une place à part. A flanc de colline, le bâtiment en L de 1 164 m2 abrite sur deux étages six élégants studios pour les résidents, des espaces d'exposition et de répétition, une bibliothèque, une salle de projection, des jardins et une terrasse aérienne qui offre un point de vue panoramique sur Kyoto.
«C'est un endroit formidable pour l'écriture et la recherche, où l'on dispose d'une totale liberté, raconte Thomas B. Reverdy, qui y a écrit son roman les Evaporés en 2012. La Villa se trouve à l'écart de la ville et certains résidents s'en sont p