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Libération
Désintox

Agnès Saal, officier de la Légion d'honneur ? Oui, mais depuis un an

Des internautes croient savoir que l'ancienne directrice de l'INA, épinglée pour des frais de taxi faramineux, a reçu cette année la fameuse décoration. Sauf qu'elle a été promue voilà un an, bien avant que le scandale n'éclate.
Agnes Saal, alors patronne de l'INA, le 31 juillet 2014, dans son bureau au siège de Bry-sur-Marne. (Photo Dominique Faget. AFP)
publié le 7 janvier 2016 à 17h02

INTOX. Pour les pourfendeurs de service public, c'est le scandale qui s'ajoute au scandale : Agnès Saal, ex-directrice de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), qui a démissionné après la révélation fin avril 2015 du montant exorbitant de ses frais de taxi (plus de 40 000 euros en dix mois d'exercice), viendrait d'être promue officier de la Légion d'honneur par Manuel Valls lui-même.

Sur Twitter, de nombreux internautes s'indignent du décalage entre le prestige de la décoration et l'opprobre qui s'est abattue sur la haute fonctionnaire (et qu'ont dénoncée ses anciens supérieurs). Ils dénoncent tout à la fois un «gag», un «scandale», ironisant sur le fait qu'on ait pu accorder cette distinction censée récompenser «des mérites éminents acquis au service de la nation soit à titre civil, soit sous les armes» à une fonctionnaire suspendue.

DÉSINTOX. Si Agnès Saal a bien été promue au rang d'officier de la Légion d'honneur, elle n'a ni reçu sa nouvelle breloque avec la promotion de janvier 2016, dont la liste est disponible, ni plus tôt en 2015 après l'éclatement au grand jour du scandale de ses notes de taxi. Elle a été promue voilà un an, comme l'atteste le décret paru au Journal officiel du 1er janvier 2015.

D'ailleurs, les premiers à protester contre la présence de l'amatrice de courses en taxi dans les rangs des décorés de la Légion d'honneur ne s'y trompaient pas : ils s'insurgeaient dès les prémices de l'affaire, fin avril.

L’histoire ressort évidemment au lendemain de l’annonce de la mise à l’écart pour six mois d’Agnès Saal. Le député proche du Front national (FN) Gilbert Collard la relaie sur Twitter le 5 janvier, tout en restant conscient de la chronologie des événements.

Hélas, beaucoup d'internautes, étourdis ou de mauvaise foi, ne font pas attention à la date pourtant inscrite sur l'image tweetée par Gilbert Collard. Ils croient comprendre qu'Agnès Saal a reçu sa promotion alors même qu'elle faisait encore l'objet de deux enquêtes. L'information initiale se retrouve transformée puis diffusée, en réponse au message du député FN.

Heureusement, certains restent vigilants et rappellent à l’ordre ceux qui se sont fourvoyés, tels Henri Maler, fondateur d’Acrimed, l’association de critique des médias. Qui a corrigé son erreur dans un second tweet.