INTOX «En 2016, la France est passée de la sixième à la neuvième place économique mondiale selon le FMI : merci Hollande !»
Voilà, en substance, ce que l'on pouvait lire sur les réseaux sociaux mardi 12 avril. Des dizaines d'internautes, passablement énervés contre le pouvoir socialiste, déploraient que la France ait chuté de trois places dans le palmarès mondial de la performance économique.
#FMI G7 ...
— cWilly (@cWilly4) April 12, 2016
La France va prendre la porte...9ème puissance économique mondiale...#LeDéclinCestMaintenant pic.twitter.com/6I85Uv24fg
Selon le FMI la France (5ème puissance économique en 2011) est passée 9ème! Oui président, la Socialie c'est zéro! pic.twitter.com/kVYraWt8gd
— arnaud (@arnoscenar) April 13, 2016
Même la sérieuse Fondation Concorde s’émeut de cette chute :
En prenant en compte la parité de pouvoir d'achat, la #France n'est plus que la 9ème éco mondiale selon le #FMI https://t.co/OeUvMS6oar
— Fondation Concorde (@FConcorde) April 13, 2016
DÉSINTOX A la source de cette indignation, un article du Figaro.fr publié le même jour et titré «La France, neuvième puissance économique mondiale, selon le FMI». Jusqu'ici, le message est limpide et les énervés semblent dans leur droit.
Mais dès le sous-titre, l'article précise que ce classement découle d'une «méthode de calcul» chère au FMI, celle du produit intérieur brut (PIB) «corrigé des parités de pouvoir d'achat» (PPA).
Et comme c’est très clairement expliqué dans l’article, cet indicateur moins usité prend en compte le coût de la vie de chaque pays pour en calculer la richesse. Exemple : avec un dollar, on ne peut pas acheter la même chose en France qu’en Chine. Une fois ajusté en fonction de son pouvoir d’achat, le PIB d’un pays où la vie est chère est donc diminué tandis que celui d’un pays où la vie est plus abordable, est augmenté.
En fait, en se basant sur le PIB corrigé de la PPA, la France est même dixième. Dépassée par la Chine, les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Inde, la Russie, le Brésil et l'Indonésie. Le Figaro titre sur la «neuvième position» hexagonale car l'article se fonde sur un tableau des «Perspectives économiques globales» (PEG ou World Economic Outlook en anglais) publiées début avril 2016. Dans ce rapport, seuls «les principaux pays de chaque continent» sont pris en compte. L'Indonésie y est absente alors que sa richesse, rapportée à son pouvoir d'achat réel, est supérieure à celle de la France, comme on peut le constater en consultant la base de données du FMI (en anglais).
Et si on regarde cet indicateur dans le temps, on se rend compte que la France n’a pas dégringolé au classement 2016, puisqu’elle occupe cette dixième place depuis 2014. En 2005, la France était déjà huitième de ce classement.
Même stabilité si l’on se réfère au classement, plus commun, qui prend en compte les PIB nationaux convertis en dollars. La France est sixième depuis 2014, avec une petite avance sur l’Inde, septième avec 2 288 milliards de dollars attendus en 2016 contre 2 464 pour l’Hexagone.