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Libération

Eric Ciotti : «Il y a des doutes [sur la baisse du chômage], on a vu qu’il y a une augmentation très forte des radiations : plus 8 % sur les listes de Pôle Emploi.»

publié le 28 avril 2016 à 20h41

Dans le flot des commentaires sur la baisse des chiffres du chômage, une accusation revient régulièrement : la manipulation. Mais si cette baisse du mois de mars est à relativiser, un des arguments de l’opposition est complètement faux : la hausse historique des radiations.

Si l’augmentation des stages est indéniable,le nombre de radiations, lui, ne connaît pas du tout d’augmentation historique : 42 700 en décembre, 1 000 de plus le mois dernier. Une hausse de 2,3 % seulement. Sur un an, on constate même une baisse de 2,2 %. En fait, la droite et l’extrême droite confondent (à part Olivier Marleix, rendons-lui justice sur ce point), «radiation administrative» et «défaut d’actualisation». C’est ce motif de désinscription qui a augmenté de 8,3 %. Ce n’est pas la même chose qu’une radiation. Cette dernière est une sanction prononcée par Pôle Emploi. Elle survient lorsque le demandeur d’emploi ne se rend à pas à un rendez-vous sans justification, lorsqu’il fait une fausse déclaration ou lorsqu’il refuse une offre raisonnable d’emploi, une formation, une visite médicale, un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation, un contrat aidé ou une action d’insertion. Il peut être suspendu de quinze jours à douze mois.

La cessation d’inscription pour défaut d’actualisation vient, elle, du demandeur d’emploi. Il cesse d’être inscrit s’il ne remplit pas le questionnaire mensuel obligatoire. Ce motif constitue la principale raison de désinscription sur les listes de Pôle Emploi : 44 % en mars. Ce mois-ci, les autres motifs pour les sorties sont : une reprise d’emploi (19,6 %), entrée en stage (et donc en catégorie D, 9,6 %), radiation (8,5 %) et enfin arrêt des recherches (7,7 %), une répartition stable depuis deux ans.

Une enquête de décembre 2014 révèle le détail des motifs réels de sortie de liste en fonction du motif enregistré. Ainsi 43,5 % des cessations d'inscription pour défaut d'actualisation étaient dues à la reprise d'un emploi. Pour les radiations administratives, ce taux était de 24,3 %, et 22,9 % en 2014 se sont révélées être des motifs réels. Si le chômage baisse, ce n'est donc pas en raison d'une prétendue hausse «historique» des radiations.