INTOX François Bayrou allié à Emmanuel Macron, voilà une mauvaise nouvelle pour la droite, dont les tenants espéraient une candidature du Béarnais pour affaiblir le candidat d'En marche, à la lutte avec François Fillon pour la deuxième place au premier tour de l'élection présidentielle. Du coup, le pilonnage dont est l'objet Macron a repris de plus belle ce matin. Ni une, ni deux, Eric Ciotti, fidèle lieutenant et député des Alpes-Maritimes, invité de France Info, a dénoncé en «M. Macron», «le principal instigateur du programme de M. Hollande» avant d'énumérer ses fautes (à partir de 3'05") : «La taxe à 75%, des éléments essentiels du discours du Bourget, il a été secrétaire général de l'Elysée, il a été ministre de l'Economie et des Finances. Donc le bilan de ce quinquennat, il doit en être comptable.»
DÉSINTOX Si Emmanuel Macron devra effectivement composer avec le bilan du quinquennat finissant, il n'a été «le principal instigateur» que du virage libéral amorcé à partir de 2014 et l'arrivée de Manuel Valls à Matignon. Les deux premiers éléments que cite Ciotti, eux, peuvent difficilement être portés à son tableau de chasse.
«La taxe à 75%»
La taxe à 75%, coup politique majeur qui a permis à François Hollande d’endiguer le retour de Sarkozy, d’un côté, et de Mélenchon, de l’autre, dans les intentions de vote, devait initialement être une nouvelle tranche d’imposition sur les ménages gagnant plus d’un million d’euros par an. Le candidat socialiste avait, c’est un euphémisme, surpris son monde en l’annonçant en direct à la télévision.
Il avait même surpris jusqu'à… Emmanuel Macron, à l'époque conseiller officieux de Hollande, absent de l'organigramme de campagne, et absolument pas associé à l'élaboration de cette proposition, raconte à Désintox Aquilino Morelle, ancienne plume du candidat puis conseiller à l'Elysée. «Cette suggestion [de la taxe à 75%], c'est moi qui l'ai faite à François Hollande. On avait la consigne de ne rien dire à quiconque avant le plateau de Laurence Ferrari [sur lequel Hollande a fait son annonce].»
L'actuel candidat d'En marche n'a tellement rien à voir avec cette promesse de campagne de François Hollande, finalement abandonnée, qu'au moment de la découvrir, il avait manqué de s'étouffer, comme nous le rapportions en septembre 2012, et avait lâché la pique devenue célèbre : «C'est Cuba sans le soleil !»
Difficile donc d’attribuer à Macron, comme le fait Ciotti, la paternité de cette proposition.
«Le discours du Bourget»
Macron est il l'inspirateur du discours du Bourget, célèbre pour sa charge contre l'ennemi que représente «la finance» ? Là encore, Désintox s'est tourné vers l'ancienne plume du candidat Hollande, Aquilino Morelle, pour savoir à quel point Macron pouvait avoir affaire avec ce discours emblématique de la campagne 2012 du socialiste et des renoncements qui ont suivi.
«Ce discours, c'est Hollande et moi qui l'avons rédigé, se souvient Morelle. Beaucoup François Hollande (pour le contenu), beaucoup à ma manière (pour la forme). Je ne lui demandais pas d'où venaient les extraits qu'il me présentait mais il ne m'a jamais dit : "Ça vient de Macron." Et la ligne de volontarisme économique et égalitaire du discours ne correspond en rien à la ligne économique d'Emmanuel Macron. On ne retrouve rien du discours du Bourget à partir de 2014, [période au] cœur de l'aspect social-libéral du quinquennat.»
Eric Ciotti reproche donc à Emmanuel Macron d’être soi-disant à l’origine de deux marqueurs forts de la fin de campagne et du début de quinquennat de François Hollande… Ce qui est cocasse sachant que le véritable père de ces deux jalons reproche justement à Macron de leur avoir tourné le dos et d’avoir incarné l’exact inverse en matière de doctrine économique.