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Libération

Benoît Hamon se transforme en défenseur d’un revenu universel à géométrie variable

Desintox Le best-of du pire de la campagne
publié le 21 avril 2017 à 19h46

Aforce d'être défendue à tout prix, la mesure phare de la campagne de Benoît Hamon est devenue… son mensonge phare. Attaqué sur les transformations successives qu'a connues le revenu universel, l'entourage du candidat socialiste a tenté de refaire l'histoire : Julia Cagé, sa conseillère économique, a affirmé à plusieurs reprises que le revenu universel n'avait pas du tout été raboté. «Cela s'appelle un enrichissement» par rapport «à la primaire», a-t-elle insisté sur Europe 1 début avril.

Dans une tribune publiée par le Journal du dimanche, elle développe son raisonnement : «De nombreux commentaires évoquent à tort un revenu qui ne serait plus universel, une mesure qui aurait perdu sa virginité originelle. C'est pourtant l'inverse qui est vrai», affirme-t-elle, en expliquant que «la proposition initiale le limitait aux 18-25 ans».

Pourtant, le revenu universel a bien été raboté et la proposition initiale de Benoît Hamon n'a jamais été limitée aux jeunes. Sur son tract de campagne distribué pendant la primaire, il est écrit noir sur blanc : «Je propose la création d'un revenu universel d'existence de 750 euros pour toute personne majeure». En fait, Benoît Hamon a rapidement expliqué que son revenu universel serait mis en œuvre en plusieurs étapes. Dans un premier temps, le candidat socialiste affirmait vouloir augmenter de 10 % le RSA (à 600 euros) et le verser «automatiquement à tous les ayants droit ainsi qu'à tous les jeunes de 18 à 25 ans quelles que soient leurs ressources». Avant, dans un deuxième temps, de l'étendre à l'ensemble de la population et de relever son montant à 750 euros. C'est donc uniquement dans sa première étape qu'il comptait limiter le revenu universel aux jeunes.

Benoît Hamon a officiellement raboté son projet le 9 mars, bien après la primaire… Le revenu universel sera désormais distribué dans sa première étape (à partir du 1er janvier 2018) à tous les Français actifs sous conditions de revenus, c'est-à-dire à ceux qui touchent moins de 2 900 euros brut par mois. Si la première étape est élargie par rapport à ce que proposait Hamon pendant la primaire, ce n'est pas le cas de la deuxième. Dans un second temps, il est question d'étendre le revenu universel aux retraités, mais pas à tous les Français… Le PS assure que chacun aura droit au revenu universel mais que ceux qui gagnent plus de 1,9 smic verront ce revenu «net de financement» baisser à zéro… Toucher zéro euro de revenu universel revient plutôt à ne pas en bénéficier.

Enfin, Benoît Hamon lui-même a utilisé l'expression «conditions de ressources». Il reconnaît donc de facto que son revenu n'a plus d'universel que le nom.