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Libération

Marine Le Pen voit les expulsions d’étrangers comme meilleure arme contre des terroristes… majoritairement français

Desintox Le best-of du pire de la campagne
publié le 21 avril 2017 à 19h46

Dans la dernière ligne droite de la campagne, Marine Le Pen s’est distinguée en durcissant (encore) son discours sur la lutte contre le terrorisme. En début de semaine, elle n’a pas hésité à affirmer qu’elle aurait empêché les attentats si elle avait été au pouvoir. La candidate, qui avait déjà tenu des propos similaires en 2015, n’a quasiment pas dévié de sa ligne depuis lundi.

C’est à peine si elle a mis de l’eau dans son vin à propos du tueur de Nice. En début de semaine, elle n’arrêtait pas d’affirmer que celui-ci était fiché S. Or Mohamed Lahouaiej Bouhlel, délinquant de droit commun, était inconnu des services de renseignement avant son passage à l’acte. Confrontée à l’intox, Le Pen s’est finalement contentée dans les jours suivants d’affirmer que l’homme était un délinquant étranger et que, dans la France de Marine Le Pen, tous les étrangers condamnés seraient expulsés (quel que soit le délit).

Mais elle ne s'est pas arrêtée là : la frontiste aurait aussi empêché les attentats car elle assure que les frères Kouachi «n'auraient pas eu la nationalité française parce que, lorsqu'ils ont eu 18 ans, ils avaient un casier judiciaire long comme un jour sans pain». En réalité, les terroristes de Charlie Hebdo n'avaient pas de casier avant leurs 18 ans. Saïd Kouachi n'a jamais été condamné. Chérif Kouachi l'a été majeur. Et même dans une France Front national, où l'on promet de n'accorder la nationalité française aux jeunes nés en France de parents étrangers que s'ils ont des casiers judiciaires vierges, les Kouachi seraient donc devenus français.

Marine Le Pen a ensuite embrayé sur les autres auteurs d'attentats : «Les autres étaient étrangers fichés S. Or je compte expulser immédiatement l'intégralité des fichés S étrangers pour liens avec le jihadisme», assure-t-elle. Depuis Mohammed Merah à Toulouse, l'immense majorité des auteurs d'attentats en France étaient… français, et pas étrangers. Sur 23 terroristes qui ont frappé la France depuis 2012, seuls quatre d'entre eux étaient étrangers et résidaient en France : l'auteur présumé de l'attaque avortée à Villejuif, Sid Ahmed Ghlam, était algérien ; le terroriste du Thalys, Ayoub El-Khazzani, était marocain ; Mohamed Lahouaiej Bouhlel, à Nice, était tunisien ; et le lycéen qui a agressé un professeur à Marseille était turc. Par ailleurs, ces deux derniers étaient inconnus des services de renseignement. Seuls les auteurs de l'attentat du Thalys et de l'attaque avortée à Villejuif étaient donc étrangers et fichés S résidant en France. A ces quatre personnes, on peut rajouter deux des kamikazes de Saint-Denis, passés par la route des migrants avec de fausses identités. Enfin, Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh, Belgo-Marocains impliqués dans l'attentat du 13 Novembre, étaient connus des services belges. L'auteur de l'attaque sur les Champs-Elysées jeudi soir, lui, était français.