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Libération

Pourquoi Léa Salamé a-t-elle suggéré que les capotes gratuites n’étaient pas aux normes ?

publié le 30 novembre 2018 à 20h06

La scène a eu lieu mardi matin, sur France Inter. Ce jour-là, Agnès Buzyn, ministre de la Santé, est invitée pour annoncer, notamment, que les préservatifs seront bientôt remboursés par la Sécu sur prescription médicale. Jusque-là, rien d'anormal. C'est ensuite que ça se complique. Alors que la ministre développe sur les préservatifs, expliquant que l'Etat continuera en parallèle à en distribuer gratuitement plusieurs millions par an via des associations ou des structures spécialisées, la ministre est interpellée par Léa Salamé. La question fuse : «Il paraît qu'ils ne sont pas aux normes CE, les préservatifs gratuits. C'est vrai ou pas ?» La réponse fuse moins : «Je ne pense pas qu'on puisse distribuer aujourd'hui des préservatifs qui ne sont pas aux normes CE. Mais je vais vérifier.» Un «je vais vérifier» un peu embêtant, quand on réalise qu'il pourrait cacher un véritable scandale de santé publique.

Mais qu'est-ce qui a conduit Léa Salamé à poser cette question, à laquelle l'absence de réponse précise a dû laisser dubitatifs quelques millions d'auditeurs de la matinale la plus écoutée de France ? Contactée par CheckNews, la journaliste a refusé de nous répondre et nous a redirigé vers le responsable de la programmation de la matinale, Mathieu Sarda. C e dernier a expliqué que cette «information» vient de la directrice de communication de la ministre, qui a évoqué le sujet à deux reprises, lors de la préparation de cet entretien. «Cette discussion-là, je l'ai racontée à Nicolas [Demorand] et Léa [Salamé], qui ont été très étonnés aussi. D'où la question de Léa», raconte Sarda. La directrice de communication en question, Isabelle Jourdan, a effectivement parlé de cela, mais sans être spécialiste du sujet, reconnaît-elle. Et surtout sans se douter qu'il se transformerait en question à l'antenne. «C'était une conversation banale, informelle. J'ai évoqué l'idée que tous les préservatifs n'étaient peut-être pas aux normes CE, mais sans m'appuyer sur une vérification préalable. Quand on a évoqué ça ensemble, je n'ai pas pensé que ça pouvait être pris comme une information en soi.» µEt en effet, vérification faite, les préservatifs distribués gratuitement par l'Etat, achetés à une société spécialisée, sont bien aux normes.