Le 14 février, un centre de recherche privée en intelligence artificielle, OpenAI, financé par des milliardaires américains, a publié un post de blog affirmant avoir développé une intelligence artificielle (appelée GPT-2), tout en annonçant qu'elle ne serait pas (encore ?) «mise en service», en raison de sa possible dangerosité.
GPT-2 est capable de compléter des textes de manière crédible et en respectant le style d'origine, laissant planer la possibilité de s'en servir pour générer à large échelle des textes offensants ou faux. D'où la prudence des concepteurs, qui doit permettre selon eux de «gagner du temps» pour que la communauté de l'IA et les gouvernements réfléchissent aux impacts du développement des technologies basées sur l'intelligence artificielle.
La décision montre que les chercheurs en intelligence artificielle ont de plus en plus conscience des possibles conséquences éthiques et sociétales de leurs travaux. Le champ de recherche exploré par GPT-2 n’est pas nouveau, mais l’IA dépasse ce qui avait été fait par sa taille. Il s’agit d’un modèle composé de 1,5 milliard de paramètres réglés en s’entraînant sur 8 millions de pages web.
Cette taille gigantesque permet donc à l'IA d'avoir des résultats meilleurs que ses prédécesseures. «Ils ont prouvé que la performance en la matière ne plafonne pas. Si on décuple la puissance de calcul, on améliore le résultat», commente le chercheur au CNRS François Yvon. GPT-2 n'est pas toute-puissante pour autant. «Il lui faut plusieurs essais pour produire un bon texte. Si on lui fournit des textes proches de ceux présentés dans sa base d'entraînement, elle semble capable de créer un échantillon satisfaisant environ une fois sur deux», commentent les auteurs sur leur blog.
Cette IA présente d'autres caractéristiques qui la rendent intéressante. Elle est capable de réaliser des tâches pour laquelle elle n'a pas été entraînée. Les scientifiques d'OpenIA eux-mêmes trouvent «surprenant» que leur IA soit capable de traduire des textes, d'en résumer ou de répondre à des questions de compréhension.