Le 5 mars, un détenu radicalisé et sa compagne agressent des gardiens de la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne), blessant deux d'entre eux avec un couteau en céramique. Une enquête devra déterminer les conditions dans lesquelles l'arme a été introduite dans l'établissement. Les premiers soupçons portent sur la femme, venue en visite, qui finira tuée au cours de l'assaut de la police. Dès lors, la question des fouilles des visiteurs en prison a fait débat sur les plateaux ou en ligne, charriant son lot d'intox et d'imprécisions. Juridiquement, une loi de 2017 dispose que les personnels pénitentiaires «peuvent inviter [le visiteur] à justifier, par tout moyen, de son identité, [et] procéder à des palpations de sécurité […]». Une circulaire de 2012 précise aussi que «tous les visiteurs doivent se soumettre au contrôle du portique de détection et du tunnel d'inspection à rayons X» et que «le refus du visiteur de s'y soumettre [aux palpations, ndlr] aura pour conséquence le refus d'accès au parloir».
La «palpation» est une recherche extérieure, au-dessus des vêtements. En revanche, la fouille corporelle peut mener la personne à se dévêtir. Elle peut être réalisée, sous certaines conditions, par le personnel pénitentiaire sur les prisonniers. Mais ce personnel n'est pas habilité à fouiller les visiteurs. «Une fouille intégrale est assimilée à une perquisition, [donc] pratiquée dans le cadre d'une enquête, ou si la personne est soupçonnée d'avoir commis un délit», explique la professeure en criminologie Martine Herzog-Evans. Surtout, «la fouille ne peut être pratiquée que par un officier de police judiciaire, statut que n'a pas le personnel pénitentiaire».
Cet encadrement strict est lié au droit français, et l'Europe, contrairement à ce qui a pu être dit ici ou là, n'a pas grand-chose à voir. Un arrêt de 2016 de la Cour européenne des droits de l'homme consacre même la possibilité pour le personnel pénitentiaire de fouiller à corps (et donc à nu) des visiteurs, sous certaines conditions. La cour «est très complaisante en matière de fouille», résume Herzog-Evans. Plus que la France, donc. Mais la CEDH a condamné Paris pour des fouilles trop systématiques de détenus. Depuis 2009, cette pratique doit être justifiée, même si des dispositions ultérieures sont venues assouplir le droit, permettant sous certaines conditions des fouilles quasi systématiques.